NOLAN, Christopher : Le Prestige.
Ce film nous transporte en arrière dans le temps, à la période qui fait suite à l’invention de l’électricité. A cette époque, où les tours de magies et les grandes illusions font salles combles, deux illusionnistes, Alfred Borden et Rupert Angier, semblent prêt à tout pour obtenir leur heure de gloire avec l’illusion qui fera définitivement leur réputation. Seulement voilà, si les deux hommes faisaient équipe au départ certains événements ainsi que leurs ambitions respectives vont les séparer pour en faire les pires ennemis.
La qualité de ce film est indéniable. La réalisation est très bonne et nous immerge dans une ambiance à la fois pauvre et sordide, mais aussi magique (lorsque l’on retrouve les personnages sous les feux des projecteurs). Les performances d’acteurs de Hugh Jackman et Christian Bale apportent un atout incontestable au film, largement soutenues par celles des personnages secondaires (comme celle de Michael Caine). L’histoire tient la route, mais étant donné que le scénario est tiré du livre de Christopher Priest on ne peut pas attribuer cette qualité au scénariste du film.
Seul petit bémol : la volonté de Christopher Nolan de narrer à partir de flashbacks laisse parfois le spectateur dans la confusion voire l’incompréhension la plus totale. Rassurez-vous, une fois le film terminé on comprend mieux et on se rend compte que ce n’était pas si complexe que ça.
En bref, le film vaut largement le coup d’œil.
Critique comparée :
Je
terminerai cette présentation par une critique comparée entre le roman de
Cristopher Priest et le film de Christopher Nolan. Bien qu’étant bon, le film
de Nolan n’est pas à la hauteur du roman de Priest. Je sais qu’il est difficile
d’obtenir le rendu d’un livre de 410 pages en 2h08 minutes, mais il me semble
quand même que Nolan est passé à côté de ce qui fait, pour moi, la grandeur du
Prestige. En effet, le réalisateur a laissé de côté la subtilité et la finesse
que l’on trouve dans le livre pour expliquer finalement comment ces deux hommes
en sont arrivés là. Pour ne pas gâcher la lecture du roman ou le visionnage du
film, tout en essayant de faire comprendre mon avis, j’évoquerais simplement un
point qui se situe très tôt dans les deux œuvres respectives. Dans le livre,
les deux hommes ne se connaissent (et ne se connaîtront) pas : et c’est
bien à partir de cette méconnaissance et de l’accumulation d’évènements plus ou
moins fortuits (dont soit l’un soit l’autre ne soupçonnera pas les
conséquences) que ces deux hommes, qui ne sont en aucun cas mauvais, se
retrouvent dans des situations qu’ils n’ont pas réellement voulu. Or, dans le
film on constate très tôt que ces deux personnages sont prêts à se détruire
l’un l’autre pour arriver à leur fin. Je ne pense pas que tenter de montrer que
l’un ou l’autre n’est pas totalement informé et conscient du mal qu’il a pu
faire, prenne beaucoup plus de temps dans la réalisation ou augmente
nécessairement la durée du film. Mais il est vrai que le choix de Nolan renvoie
au spectateur beaucoup plus de violence directe et visible que ne le fait le
roman…
EVa