NIGHTOW, Yasuhiro : Gungrave
Et si je vous dis que je vais vous parler d’une série animée dont le héros est habillé en cow-boy, armé de deux énormes flingues, qu’il porte son propre cercueil sur le dos (dans lequel il dissimule des armes lourdes) et qu’il mitraille à tout va des hordes de créatures s’apparentant à des zombies, vous allez fuir, non ? Maintenant si je rajoute qu’il s’agit de l’adaptation d’un piètre jeu vidéo PS2 sans cervelle dans lequel il faut tout dégommer, vous me suivez toujours ?
Eh bien, les persévérants
seront récompensés car, contre toute attente, Gungrave est l’un des meilleurs
animés qu’il m’ait été donné de voir ! Prenant à contre-pied tout
l’univers établi par le jeu PS2, les auteurs nous livrent une histoire
poignante d’amitié, d’honneur dans la plus pure tradition des films de mafieux.
Et pourtant, ça démarrait mal, dès le premier épisode…
Un camion dans lequel se trouvent un savant et une petite
fille est assailli par un bataillon de surhommes monstrueux. La situation
devenant critique, le savant n’a pas d’autre choix que de réveiller Brandon (la
grosse mule dépeinte en début de post). La suite n’est que massacre, car
Brandon ou plutôt Gungrave ne fait pas dans la dentelle. MAIS, dès le second épisode, flash-back de 10
ou 15 ans en arrière où l’on apprend peu à peu comment nous en sommes arrivés
là…
A la manière d’un Georges Lucas bouclant la boucle de son Darth Vader, les auteurs approfondissent un personnage qui ne semblait qu’être une machine à tuer en lui apportant un passé, une vie, une histoire dans un contexte complètement inattendu : l’univers mafieux. Il en sort un début de série totalement addictif où l’on suit l’ascension de Brandon et de son ami dans les différents échelons de la Famille. Fait rarissime pour un animé, la transition à un récit plus SF s’effectue avec finesse, dans la mesure où, dès le premier épisode, on sait où l’on va mettre les pieds. C’est même une motivation supplémentaire. Surtout que tout, absolument tout est expliqué et justifié dans la série (à part peut-être le costume de cow-boy, mais bon !). Bref, à aucun moment on a la désagréable impression d’être pris pour des pigeons tant la série respire la sincérité. En ce qui concerne l’animation et le graphisme, je pense que c’est le point faible de la série : des épaules trop imposantes, des mentons pointus, des persos qui courent bizarrement… Mais d’après les « spécialistes », je suis dans le faux alors… Les gunfights sont cependant très convaincantes. Et puis surtout, Beyond the Grave (ou plutôt biyondo ze gureivu comme y disent dans la série !) renferme une incroyable galerie de personnages tous plus attachants les uns que les autres, enfonçant le clou, puisqu’on parle de cercueil, d’un animé de haute volée comme on en voit que trop peu dans nos contrées.
Mr Jack