DICK, Philip K. : Substance Mort.
Chaque fois
que j’ai lu un Dick, je me suis retrouvé dans une situation assez
embarrassante : je ne peux pas dire que son style soit formidable, il est
assez plat, simple (est-ce la traduction, je ne saurais pas le dire),
l’histoire n’est pas d’un relief étonnant, il n’y a pas de grandes théories
exposées, bref, si j’analyse ce que je viens de lire rationnellement, je ne
trouve rien de formidable. Pourtant, je suis toujours interpellé, mis mal à
l’aise, voire bouleversé. En tout cas, ses œuvres laissent une trace… Ça a été
encore le cas pour celui-ci.
Fred est un flic des stups. Il est un infiltré dont personne ne connaît l’identité, même pas ses supérieurs. Il côtoie chaque jour des dealers, des junkies et tente de remonter la filière afin de stopper la marée de drogue qui déferle sur les Etats-Unis. Une drogue en particulier, la Substance Mort, décime la population et Fred doit trouver qui la fournit.
Au jour le jour, Fred est Bob Arctor, un petit drogué vivant sa vie de looser, cherchant à acquérir de plus en plus de cachetons. Il a des amis camés, toujours déchirés, ne vivant plus tout à fait dans ce monde. Bob s’amuse, jouit de cette vie, de sa maison/squat et s’inquiète de se faire arrêter par les flics ou de se faire trucider par ces amis défoncés.
Mais
lorsque Fred est chargé de surveiller Bob Arctor, les choses se compliquent…
Autant vous prévenir de suite, on est loin du polar classique. Pas de courses poursuites, pas de grosse enquête, on est spectateur de la vie de tous les jours de Bob Arctor, faites de trips et de vies de marginaux. On suit aussi Fred et ses questionnements sur son métier, sur le monde qui l’entoure. On assiste, impuissant au déroulement de son enquête et on se pose des questions.
Ce roman
est psychologique, presque métaphysique. Comme à son habitude, Dick interroge
la réalité. Son héros est seul et se sent décalé par rapport à la norme. Les
questions qu’il soulève nous mettent mal à l’aise sans vraiment savoir
pourquoi. Moi, je me suis même surpris à devoir faire des pauses tellement la
charge émotionnelle était forte parfois. Mais l’originalité de ce roman tient
aussi sans doute au fait qu’il n’est pas qu’imaginaire, que l’auteur fait
référence à une partie de sa vie, sans vraiment porter un jugement. Dés lors,
on ne peut rester insensible aux vies qui peuplent cette œuvre.
Pour moi,
ce livre a été une grosse claque. Je me suis laissé prendre, j’ai suivi la vie
de ces gens, j’ai réfléchis avec eu sur plein de questions et j’en suis
ressorti marqué. C’est donc un livre à lire absolument. Mais attendez d’être un
peu en forme…
StepH
Notez aussi que ce livre a été adapté au cinéma sous le titre A scanner darkly. C’est un film très intéressant qui utilise la rotoscopie. Ca nous donne une ambiance un peu étrange. C’est une curiosité coir même si j’ai préféré le roman.