KAMIYA, Makoto; SHUGA,Shorato : RESIDENT EVIL DEGENERATION :
" Survivre à l'horreur " :
Cette chronique pourrait se résumer ainsi : Raconter un genre et se poser la
question de savoir s’il mute du jeu vidéo au film d'animation (sans passer par
le cinéma, la nuance est importante) avec bonheur.
Depuis
longtemps, les échecs des expérimentations virales de l'immense multinationale
pharmaceutique " Umbrella " sont profondément enterrés sous
les ruines radioactives d'un bourg du Mid-West : Racoon City. Sans faire
l'impasse sur les péripéties ibériques de l'agent spécial Leon Kennedy,
" Degeneration " débute dans un aéroport US : Un autre
bourg du Mid-West : Harvardville, une autre firme pharmaceutique : Wilpharma,
les mêmes personnages : Leon Kennedy et Claire Redfield, déjà héros de Resident
evil deuxième du nom. Les éléments se mettent en place pour que les râles
désespérés reprennent et que les détonations de gros calibre y mettent fin.
Personnellement, j'ai été peu convaincu par cette partie car si la tension
familière est au rendez-vous, celle-ci retombe un peu rapidement, soufflé
resservi trop tiède... Une incertitude vite évanouie quand on découvre enfin
les gigantesques installations de Wilpharma, il ne manque plus que la grosse
bête mutante quasi-indestructible pour se remettre à table. Sans gâcher le
suspense – chose qui est rarement recherché dans le genre – je peux vous dire
que tous les ingrédients y sont. L'armée, les compromissions politiques, les
écolo-combattants, les ombres du 11 septembre, on tente d'introduire de
nouvelles saveurs mais elles sont bien fades et les vielles recettes n'en ont
jamais vraiment besoin car on veut le retrouver comme on les a toujours aimées.
En 1992, le
premier " Resident Evil " s'ouvrait sur la phrase :
" Enter the world of survival-horror ". Un genre créé en
France avec le premier " Alone in the Dark ", trouve là son
dogme, la bible qui fait autorité sur la question ; Déclinée dans une quinzaine
de jeux vidéos. Nés de mutations virales, la ménagerie des adversaires à
saturer de plomb est immense : Du doberman mort-vivant au géant bourré de
testostérone mutante. Le héros ou l'héroïne est une personnalité de devoir
ayant toujours avec bonheur une familiarité avec les armes à feu. L'adversaire
dispose de moyens colossaux pour entretenir des installations scientifiques
immenses et une véritable petite armée de chercheurs qui feront une acceptable
horde de zombis aussitôt que l'habituelle petite faille apparaîtra dans la
conservation des éprouvettes.
On peut se
demander si cette structure vidéo-ludique s'adapte à un film d'animation – Ce
questionnement ne se trouverait-il pas ailleurs sur ce blog ? – Je serai tenté
de dire " presque ", même si tout ceci sent le produit de
synthèse : une dose de nouveau personnage, une dose de psychologie, une
conclusion qui va un peu plus loin que la destruction du boss de fin de
niveau... " Presque ", Mais je suis un aficionado-gamer ne
comptant plus le nombre de chargeurs de calibre toujours plus gros vidés sur
des multitudes qui se déplacent benoîtement en poussant des râles de lassitude,
la tête penchée sur le côté, je manque certainement d'objectivité.
Le produit
final résiste-t-il à une analyse cinéphile ? On ne pourra pas contester le
grand spectacle et le rendu très dynamique si l'on n'était pas dans le cadre
d'un film en images de synthèse. On peut même se demander s’il a connu une
quelconque évolution depuis " Final Fantasy Les Créatures de
l'Esprit ". On pourrai même dire qu'il a plutôt régressé pour perdre
le petit supplément d'âme du film de Hirobonu Sakaguchi.
Au final et
à contre-courant du battage publicitaire qui visait le public large en sortant
des consoles de jeu. " Degeneration "est le pur produit
pour les geeks-fans de l'univers au parapluie blanc et rouge. Les chercheurs en
second et troisième degré pourront avec délectation regarder le making-of pour
admirer l'ardeur et le professionnalisme nippon à réaliser un produit tout
juste moyen. Tous les autres pourront passer sans remord leur chemin.
L'horreur
n'est pas vraiment à l'honneur. L'erreur peut-être...
Pacman.