GALLAGHER, Bill : Le Prisonnier
Après l’immense succès qu’a connu Battlestar Gallactica et
suivant aussi la vague de remakes au cinéma, les scénaristes reprennent à tout
va les grandes séries cultes et les remettent au goût du jour… avec plus ou
moins de succès… Quand il a été annoncé que le Prisonnier, inoubliable œuvre
britannique (on en revient toujours aux anglais !), serait repris,
l’opinion s’est émue et a attendu de voir de nouveau numéro 6 chercher à
s’échapper du Village. Alors sera-t-on nous aussi prisonnier de ce village ?
Un homme se réveille au milieu du désert. Il ne sait pas
trop pourquoi il s’y trouve ni qui il est. C’est encore désorienté qu’il
assiste à une chasse à l’homme. Une sorte de milice poursuit un vieillard et
lui tire dessus. Notre héros inconnu lui porte assistance mais il est trop
tard, la proie ayant été grièvement blessée décède en laissant un message
énigmatique au nouvel arrivant : dis leur que j’ai réussi à m’échapper…
Que veut-il dire ? L’inconnu cherche alors à sortir du désert et découvre
un village. Mais il est poursuivi à son tour par la milice et fini par échouer
devant numéro 2, le dirigeant de cet étrange village. Pourquoi est-il arrivé
ici ? Pourquoi tout le monde semble déjà le connaître et l’appeler numéro
6 ? Ce doit être un complot et 6 n’aura de cesse de tenter (vainement ?)
de s’évader de ce village de fou et de mettre à jour la supercherie…car il est
un homme libre et pas un numéro….
Chacun se souvient avec plus ou moins d’acuité de la série
originale, élégante, surréaliste. La reprise tente de marcher sur les traces de
son aïeule tout en la rendant plus actuelle. On retrouve donc une mise en scène
soignée et une bande originale appropriée et de qualité. Les intrigues sont
prenantes et un brin barrées mais, élément nouveau, servent tout de même un
scénario qui aura une véritable conclusion. Et c’est là, à mon sens que se trouvent
la nouveauté et l’actualité. En effet, alors que la première série n’apportait
pas vraiment de réponse à l’intrigue, laissant chaque spectateur libre de ses
interprétations, le nouvel avatar construit un scénario qui, s’il garde un
aspect ambigu, proposera une explication à l’incarcération des personnages. Du
coup, les thématiques abordées se trouveront rétrospectivement analysées par le
biais de cette conclusion. Est-ce un plus ou une erreur, chacun décidera. Pour
ma part, les révélations finales ne nuisent pas à l’ensemble de la série et
engagent à une réflexion sur la liberté et beaucoup d’autres thématiques dont
je ne parlerai pas de peur de déflorer par là même l’intérêt de l’oeuvre.
Il est à noter aussi que les acteurs sont assez convaincants.
Ian McKellen plante un numéro 2 intriguant, dangereux mais aussi humain. C’est
sans doute un élément essentiel de la qualité de la série. Jim Caviezel incarne
quant à lui un numéro 6 assez crédible, perdu mais déterminé. Certains lui
reprocheront le manque de variété dans son jeu d’acteur… Moi j’ai trouvé que ça
collait assez bien avec l’obsession du personnage…
Enfin, comme toute bonne reprise de série culte, Le
Prisonnier est truffé de clin d’œil à son ancienne version et c’est toujours
amusant de les retrouver et de les analyser à la lumière des nouveaux partis
pris de la série.
Au final, je dirais que cette série n’a peut-être pas
rencontré le succès critique qu’elle mérite. Elle est bien fichue, courte et
intelligente, ce qui est assez rare de nos jours. Le problème vient toujours du
risque de déception des fans de la première mouture. Mais, parmi les
personnes qui ont vu ce nouvel avatar du prisonnier, combien se souviennent réellement
de l’ancienne série et ne sont pas influencées par une vision fantasmée du bon
vieux temps ? Car qu’est-ce que la mémoire ? Sommes-nous libres de
notre vision du monde ? Ne sommes nous pas influencés par l’opinion
générale qui nous retient prisonniers de notre propre avis ? Si vous
voulez être un homme libre, faites votre opinion vous-même et revenez en parler
ici !!!
StepH