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E-maginaire
3 mai 2010

FORSTCHEN, William, R. : Une seconde après.

 

une_seconde_apresLorsque j’ai vu ce roman en librairie, je me suis dit : « chouette, un roman post apo, ça fait bien plaisir ! On n’en voit pas assez ces derniers temps ! ». J’aime bien ce genre car il permet, outre l’aspect récréatif (de l’action, du suspens…) de pouvoir aborder des thématiques plus graves comme les notions de culture, d’humanité, de morale… En plus, c’est une première incursion des éditions Ixelles en SF et cela fait un petit moment que je voulais lire William Forstchen (renommé pour sa série du Régiment perdu). J’ai donc insisté lourdement auprès de ma gentille représentante pour l’obtenir. Une fois reçu, je me suis jeté dessus comme il se doit… Eh bien, après lecture, je dois dire que j’ai trouvé mon razzie award de l’année dans la catégorie pire livre american !

John Matherson, ancien gradé de l’armée et professeur d’histoire militaire pour une université de Caroline du nord, vit une vie tranquille à Black Mountain, une petite ville bien du sud des Etats-Unis, avec ces deux charmantes filles et sa belle mère. Un soir pourtant, cette vie paisible, remplie des valeurs confédérées, bascule lorsque tous les appareils électriques cessent de fonctionner tous en même temps. Plus d’ordinateur, plus de machine à laver, mais aussi plus de voiture, plus de pompe à eau. Bref, plus de technologie. La stupeur laisse rapidement place à la panique et la vie devient difficile. La ville de Black Mountain risque de plonger dans le chaos ! Heureusement, John, qui se doute qu’un pays de l’axe du mal a utilisé une IEM (Impulsion Electromagnétique) pour attaquer le pays, participe à l’organisation de la survie. Mais les choix se feront de plus en plus difficiles… Heureusement, les idéaux confédérés permettrons de rester américains même dans la difficulté la plus extrême…

Commençons par une note positive : le sujet des IEM est original, crédible et gratifié d’une postface de l’auteur qui s’est beaucoup documenté. Il s’est d’ailleurs tellement bien documenté que son roman aurait été présenté au congrès et jugé crédible par le comité d’évaluation des armes EMP. Forstchen nous présente donc bien, au début de son roman, les tenants et aboutissants d’une attaque par impulsion électromagnétique, ce qui est techniquement intéressant.

Le roman aurait pu être très réussi si le côté américain n’avait pas pris le dessus, frôlant souvent la pire des caricatures et basculant vers un américanisme primaire, plein de tout ce que le gouvernement Bush nous à rebattu le cerveau. Le résultat : toutes les 10 pages, le héros nous rappelle que les Etats-Unis sont un grand et beau pays, victime de sa bonté et de sa volonté de civiliser le monde ; il béatifie les héros de guerres justes (Vietnam, Corée, Irak !) ; il prie son Bon Dieu de les sauver ; les méchants ne peuvent être que des fous qui se sont échappés de l’asile ou des prisonniers en fuite, aucun américain pouvant se livrer à des exactions horribles… Enfin, une bonne citation valant mille critiques, je vous en livre une belle :

« …Vous vous rappelez certains conférenciers que j’ai fait venir ici, des vétérans de ce qu’on appelle la Grande Génération. Aujourd’hui, ce soir, c’est vous qui serez cette grande génération. Vous devez gagner cette bataille ; après quoi, vous vous souviendrez de ce qu’était l’Amérique et vous la reconstruirez, mais vous n’oublierez jamais…[…] Puis il s’assit et le silence régna encore un moment… jusqu’à ce que Laura se lève à son tour pour entonner l’hymne américain. Aussitôt, tous se dressèrent et chantèrent avec elle. […]Le repas terminé, une procession, emmenée par le drapeau américain et l’étendard de l’école, accompagné par un joueur de fifre, se dirigea lentement vers la chapelle. »

Des citations comme celle-ci sont nombreuses et quand il arrête avec les Etats-Unis, c’est pour mieux valoriser la culture du Sud, des confédérés : peine de mort, peur de l’étranger, des fous, amour hors du mariage défendu, peur de devenir communistes, et j’en passe des meilleures ! Au début, on aurait pu croire que l’auteur faisait ce choix pour mieux le démonter plus tard. Malheureusement, la fin justifie et glorifie le héros qui a eu le courage de rester américain… Un premier degré qui fait un peu peur lorsque l’on sait que l’auteur habite justement cette région et qu’il a un parcours un peu similaire au personnage principal… Même si l’on suit la logique néo-libérale du roman, le personnage principal bafoue les règles qu’il a fixé lui-même car sa famille le vaut bien : il tue des junkies sur la place publique pour avoir volé de la morphine mais vole à la vue de tous de l’insuline pour sa fille atteinte du diabète. Puis il déclare naturellement que les cas de santé désespérés devront être abandonnés pour privilégier les blessés qui peuvent s’en sortir…

Si l’on ne considère que la forme du roman, il me semble que l’on n’est pas plus avancé : le style est simple, proche d’un registre de langage parlé, les péripéties sont classiques et téléphonées. Je n’ai jamais eu de frisson, de moments de tension, d’inquiétude. Le rythme du roman n’est pas assez prenant…

Au final, vous l’aurez compris, je ne peux malheureusement pas conseiller ce livre. Je vous avais dit en introduction que l’intérêt de ce genre de roman était double : la distraction et le fond. Ici je n’ai trouvé aucun des deux éléments (sauf à considérer les fous rires que j’ai pu avoir à la lecture de certains passages !). Il existe tellement de bon roman post apocalyptiques que je ne saurai que vous dire de passer votre chemin ! A moins que vous cherchiez un étalon du mauvais goût afin de mieux savourer les livres que vous lirez par la suite, ou que vous rêviez de revivre la guerre de sécession côté confédérés avec apologie de l’armée américaine…

StepH


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Commentaires
S
Ah, désolé de t'avoir volé le seul service presse qui a dû tourner en France ! Moi aussi je pensais fortement à la série Jericho quand j'ai lu le quatrième de couverture... Mais si j'avais parfois trouvé l'intrigue de cette série poussive, je suis maintenant prêt à revenir sur mon avis tant je ne savais pas ce que veut dire lourdingue !<br /> Enfin, si tu as l'air tellement déçue de ne pas l'avoir lu que je pense que j'ai trouvé ton cadeau d'anniversaire !!!<br /> <br /> StepH
S
Moi aussi je le voulais ! Moi aussi, je me souviens tres bien l'avoir demandé à ma (notre)repré, et... jamais reçu. Maintenant je sais pourquoi !<br /> Bien fait qu'il ait été nul, tiens ! <br /> Et me dis pas que je fais pas assez de critiques, puisque, du coup, j'ai rien à lire !<br /> <br /> Non, c'est dommage, le pitch m'avait fait envie. Je m'imaginais un "jericho" romancé. <br /> <br /> Sof
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