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E-maginaire
11 octobre 2010

La ménagerie cherche un nouveau pré à brouter ! Ou comment le bélier et le mouton ne suivent pas Panurge !

ebelialJe vous l’annonçais il y a peu et il me semble important d’aborder le futur sur ce blog qui s’occupe d’imaginaire ! Quelles seront nos pratiques de lectures dans quelques années ? Quel sera le support que nos enfants utiliseront usuellement pour la lecture ? Lirons-nous différemment ? Ce sont autant de questions que se posent très grièvement beaucoup d’acteurs du livre. En effet, si le numérique risque de changer considérablement notre façon de lire, il pose aussi énormément de questions sur des sujets plus prosaïques tels que la rémunération des auteurs, les nouveaux canaux de distributions, la place des libraires… S’en suit en France un débat très animé qui tend à une crainte plutôt généralisée du futur, une production numérique proche de zéro et des prix que l’on peut qualifier d’exorbitants (un livre numérique est vendu pratiquement au même prix qu’un grand format).

C’est au milieu de cette guerre des tranchées que les Moutons électriques et Le Bélial ont courageusement choisi de se positionner, prenant pour un temps le rôle de porte étendard d’une certaine vision du futur du livre. Alors grand coup de pub pour ces petits éditeurs de qualité, question de survie ou bien véritable pavé dans la mare ?

Je ne vais pas rentrer dans un long débat technique, politique ou économique, car je ne suis pas sûr d’être assez pointu sur ce sujet (nous pourrons aborder ces thèmes en commentaires si vous le souhaitez) et que cela risque de sembler un peu rébarbatif pour les plus sceptiques. Je me contenterai de vous présenter leur offre et de vous dire ce que j’en pense.moutonselectriques

En guise de préambule, il nous faut dire que peu d’éditeurs se sont, pour le moment, lancés dans l’aventure du numérique. Bragelonne a bien fait une tentative avec une offre qui m’a semblé pour le moins pathétique : des vieilleries dont les ventes s’étaient essoufflées depuis un moment déjà. Si mes souvenirs sont bons, ils étaient en plus publiés en PDF… Aujourd’hui, après une recherche sur les principales plateformes de téléchargement, on ne les trouve plus. L’éditeur a-t-il abandonné, pour le moment ? Je ne sais pas. Mais si leur incursion dans l’univers numérique n’a pas connu le succès qui leur est habituel, au moins faut-il leur reconnaître d’avoir tenté quelque chose ! Les groupes Gallimard (folio sf et Denoël pour ce qui nous occupe), La Martinière et Flammarion (pygmalion) ont lancé une plateforme de distribution nommée Eden Livre qui vient concurrencer le Numilog du groupe Hachette. Les deux grands groupes ne révolutionnent pourtant pas l’univers numérique avec leurs propositions : peu de publications en littérature de l’Imaginaire, des prix variables, des droits d’accès règlementés (DRM). Voilà, il me semble avoir fait le tour… Triste constat (non ?) quand on sait qu’aux Etats-Unis les ventes numériques dépassent celles du livre classique (je sens des dents qui grincent !!!). Il me reste juste à souligner que quelques éditeurs ont surgi de la toile pour tenter le numérique comme canal de distribution premier : Voy’el et Ex æquo pour ne citer qu’eux. Je ne les connais pas très bien et vous laisse le soin de les découvrir par vous même. Simplement, j’en dirai qu’ils semblent plus en adéquation avec la demande de la clientèle numérique (multiplications des formats, prix bas…).

Après ce rapide tour des éditions numériques, nous en arrivons au cœur du sujet : les Moutons électriques ont décidé, il y a quelques mois de mettre une belle partie de leur catalogue, celle qui rencontre le plus de succès, en vente au format numérique, à la moitié du prix en librairie. C’est pour moi une belle offre pour des essais et des romans qui restent assez chers sur le marché. En effet, les prix de leurs beaux livres affleurent souvent les 30€ (entièrement justifiés, soyons clairs, ils sont très souvent de magnifiques objets). Malheureusement, leurs œuvres ne sont disponibles qu’en PDF, qui ne permet pas une lecture ajustée sur les différentes liseuses. Bien sûr ce choix s’explique par la difficulté de l’adapter à un autre format qui éprouverait encore aujourd’hui des difficultés à gérer image et texte de manière satisfaisante. Notons enfin, à notre plus grande joie, que leurs publications ne semblent pas soumises à des droits de copie (DRM), ce qui permet de les lire à loisir, de les prêter… Au final, à mon avis, l’offre des Moutons électriques n’est pas d’une grande originalité mais montre un intérêt certain, une volonté de ne pas louper le coche de la virtualisation et de proposer une alternative réellement intéressante aux beaux bouquins qu’ils éditent.

voy_elLe Bélial, quant à lui, a vu les choses en grand. Une plateforme de téléchargement lui est entièrement dédiée, offrant nouveauté et fonds, à un prix plancher assez bas (plus ou moins une dizaine d’euros alors que leurs pendants « physiques » ne sont pas vendus à moins de 20€). Une bonne sélection de nouvelles est aussi disponible à moins de 3€. Les prix pratiqués sont des prix plancher que l’on peut ajuster à sa guise (si l’on pense que le bouquin mérite qu’on dépense plus pour son achat). Ils sont libres de DRM et son téléchargeables à volonté une fois le paiement effectué. Les ebooks sont disponibles sous deux formats : PDF ou EPUB. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce qui nous est proposé est compétitif et marque la volonté du Bélial de proposer un véritable changement par rapport à l’offre papier. Ainsi, en plus de nous gratifier de bons titres, au bon prix, sans prendre le lecteur pour la dernière roue du carrosse, celui qui ouvre le porte monnaie sans rien dire, l’éditeur s’engage à mieux rémunérer l’auteur pour répercuter la baisse des coûts de production. Certains diront que par ce positionnement, il se transforme un brin en démago qui cherche le coup de pub… Pour moi en tout cas, cette offre audacieuse et politiquement engagée force l’admiration et la fierté ! Moi qui avait une liseuse sans véritable bibliothèque numérique, c’est l’Eden (mais pas de Gallimard !) qui s’ouvre ! J’aime à la fois la démarche, l’offre, la plateforme et j’espère que d’autres éditeurs suivront avec succès leur exemple et que le Bélial agrandira rapidement son catalogue. La seule question que je me pose est : pourquoi ne pas proposer Bifrost, leur magazine franc du collier, au format numérique ?

Je crois avoir fait le tour et vous invite maintenant à jeter un coup d’œil à toutes ces offres et à venir me dire tout ce que vous en pensez ! Bien sûr j’attends aussi des remarques sur la pertinence d’une offre numérique…

StepH

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Commentaires
Z
Et pis dans le même ordre d'idée, et je te confirme en effet, Eva, que je suis pas du tout contre le numérique - c'est pô ce que j'ai dit non plus ! En tout cas, moi. J'étais juste d'accord avec Sof quand elle disait qu'il lui semble que le rapport au livre se trouverait changé avec l'introduction des liseuses (ou des Ipads, hein, chuis sûr qu'y en a qui vont nous sortir une "appli'zeuse" dans dix minutes), et que par conséquent, le lecteur étant généralement un type de bonhomme plutôt romantique (du moins, ce me semble pour ce qui est du lecteur de roman ou d'ouvrages d'art et tout ça, ce qu'on a dit au-dessus), ça risquait de pas prendre auprès de toute une partie du "lectorat". <br /> C'est tout. Après, du coup, ben chuis bien d'accord avec vous. <br /> <br /> Zolg.
Z
Euh déjà, j'ai pas dit, loin de là, que de nouvelles pratiques artistiques n'allaient pas se développer avec le multimédia, qui, j'en reste persuadé, représente une avancée au moins digne de celle du port-folio et de l'imprimerie en leur temps. Ca me semble évident,ça s'est déjà fait avc la vidéo et tout plein d'autres choses et c'est très bien ainsi vu que c'est quand même l'une des caractéristiques de l'artiste que de s'emparer du monde qui l'entoure pour le relire. J'ai juste dit (ou voulu dire) que pour ce qui est du rapport avec d'autres types d'oeuvres plus "traditionnelles" (peinture, sculpture...), je doute qu'une liseuse ou une peitureuse ou même un truc qui mange les grains de sable égalassent jamais le contact direct, genre dans un musée ou un truc comme ça. <br /> <br /> Zolg.
E
J'ai suivi avec attention les commentaires et je trouve que finalement vous n'êtes pas contre le numérique et en soulignaient bien les avantages et inconvénients:<br /> Du côté des avantages effectivement à chaque déplacement plus ou moins prolongé fini les valises de 20 kg dont 5-6 de livres ou revues! On risque aussi de plus se laisser tenter par la découverte d'ouvrages comme disait Stef qu'on aurait pu acheter en plus de ceux qui nous tenaient à coeur. Le gros avantage est également dans tous ce qui concerne les revues ou autres journaux (ça permet quand même d'être un peu plus écolo car on ne le jette pas les feuilles de papier tous les soirs de notre quotidien préféré) et, comme le disait Sof, tous les supports qui ne se lisent pas d'un trait! Et puis ce qui est vraiment sympa c'est qu'il existe déjà à l'heure actuelle sur certains sites des ouvrages libres de droits, car déjà anciens, et auxquels on aurait jamais jeté un oeil!<br /> Du côté des inconvénients, étant donné que les liseuses (et non pas l'iPad) offre un confort de lecture parfait car l'écran n'est pas lumineux comme sur les ordinateurs qui nous rendent albinos, il me semble que le principal inconvénient reste le prix des liseuses (même si ils ont bien baissés) mais surtout celui des e-books. S'il n'y a pas d'efforts fait à ce niveau là le marché du livre électronique ne décollera jamais en France. Tant que l'e-book ne déscendra pas en dessous du prix du livre de poche je pense que cela ne sera pas suffisament attrayant pour que les plus frileux se lancent (et les français sont frileux de nature :) et pour contenter les plus curieux d'oser acheter un ouvrage qu'il n'auraient pas acheter en format papier! Or il me semble que c'est ce qui permettrait que le marché s'étoffe. Enfin reste la question de la diversité de l'offre qui doit elle aussi (mais je ne suis pas une spécialiste) répondre à la demande de Tous.<br /> Voilà ce que je pense mais l'avenir viendra très certainement me contredire... Affaire à suivre...<br /> EVa
S
Alors tout d'abord merci à Clément pour sa réponse. Je me doutais bien qu'il devait y avoir des hics de ce genre ! En tout cas, j'attends avec impatience que vos critiques acerbes et votre vision décalée du monde de l'imaginaire puissent être lues sur ma liseuse...<br /> <br /> Pour Sof et Zolg, je suis d'accord avec vous, les liseuses ne remplaceront pas le livre, pas d'inquiétude là dessus (pour le moment en tout cas, on verra si les prochaines générations parleront comme nous...). Pour moi, le livre numérique est passionnant car il peut nous apporter de nouvelles pratiques de lectures.<br /> Mais il me semble aussi qu'il présente bien des intérêts immédiats. En effet, outre les exemples que tu as cité, Sof, je pourrais aussi citer tous ces livres qu'on lit rapidement, pour le fun, qui n'ont pas un intérêt primordial pour notre culture ou notre vie (la bit lit, quelques romans d'horreurs ou de SF fun) que l'on pourrait lire sans dépenser trop. Les livres d'actualité aussi qui ont une durée de vie très courte... Enfin, tout un volume de livre qui n'ont de place sur les tables de libraires que pour moins d'un mois...<br /> Pour un gros lecteur et un passionné, l'intérêt est aussi de pouvoir lire à moindre prix ; je suis bien content, par exemple, que les moutons électriques ou le Belial produisent du numérique ca je ne peux souvent pas me permettre d'acheter tous leurs livres merveilleux. Au moins là je pourrai en lire plus...<br /> <br /> En ce qui concerne l'art, je crois qu'il existe déjà des oeuvres numériques, il me semble qu'il y a une expo en ce moment... Pour le sable et le coin du feu, c'est une question de pratique, on fait quoi avec son portable aujourd'hui...<br /> <br /> StepH
S
J'aime beaucoup quand t'es d'accord avec moi Zolg.<br /> Mais ne crois pas que je ne relève pas tes attaques viles et perfides ! In cauda venenum qu'y disaient...<br /> <br /> Sinon, de même que lire au coin du feu n'aura plus le même charme, je me demande si la machine là, elle supportera le grain de sable ou l'eau du bain.<br /> <br /> Sof.
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