BENNI, Stefano : Terra !

Pour beaucoup, la Science Fiction est surtout une affaire d’anglo-saxons. Pour quelques-uns, les auteurs français tirent leur épingle du jeu. Mais qui aurait pu imaginer que les italiens pourraient nous proposer un chef-d’œuvre de ce courant littéraire ? Pour ma plus grande joie, Mnémos, qui nous le prouve en rééditant cette merveille des années 80.

2157, notre bonne vieille Terre n’est plus que l’ombre d’elle même. Suite au déclenchement involontaire de la troisième guerre mondiale par une souris trop audacieuse et au bombardement atomique international qui s’en suivit, notre planète subit un hiver nucléaire qui n’en finit plus. Les alliances se sont faites et défaites au gré des folies humaines et aujourd’hui trois blocs (souterrains, va s’en dire !) se partagent les miettes de ce monde mourrant : les riches aramerusses (alliance des arabes, des américains et des russes), les fauchés sino-européens et enfin les ingénieux japonais. Tous tentent de se procurer suffisamment d’énergie pour chauffer leurs sous-sols misérables et chacun regrette le bon vieux temps. Alors lorsque le gouvernement européen retrouve la balise d’un explorateur spatial qui dit avoir trouvé un nouvel eden au fin fond de l’espace, s’entame très vite une course galactique pour être le premier à découvrir et à conquérir ce merveilleux monde. Le seul souci est de le localiser car les ordinateurs deviennent fous lorsqu’on leur demande d’analyser le contenu de cette capsule. Peut-être est-ce dû à cette mystérieuse source d’énergie située sous un site inca… Deux groupes de recherche seront donc formés afin de partir explorer le fin fond de l’univers et le cœur de cette mystérieuse cité inca…

Si cette présentation de l’intrigue semble bien sérieuse, elle ne reflète en rien le ton du roman. En effet, la principale caractéristique de ce livre est bien plutôt d’être hilarant ! Les fans de Douglas Adams retrouveront cet univers complètement fou, dans lequel les métaphores sont reprises au premier degré et où les personnages, hauts en couleurs, sont souvent incapables. On peut aussi évoquer du Fredric Brown. Les éditeurs, quant à eux, se réfèrent à Calvino ou à Buzzati. Quoiqu’il en soit, on s’amuse franchement des références que l’auteur détourne à tout va. Il tape sur tout ce qui bouge avec une finesse indéniable. Ainsi, on passe de la critique sociale ou politique au clin d’œil littéraire en quelques lignes. Tout se mélange dans une joyeuse pagaille. Je crois que j’ai même beaucoup plus ri que lorsque j’ai lu le guide du routard galactique, c’est dire… Mais je crois que ce qui m’a vraiment ému, c’est de trouver un sens à tout cela. Car si l’auteur fait montre d’une grande culture, d’un humour « non sense » incroyable, il n’en oublie pas moins l’objet de son roman. En effet, derrière ce ton ouvertement léger se cache une critique de notre monde et c’est bien plutôt une satire qu’une farce que nous joue Benni. De ce fait, la franche pantalonnade se transforme bien vite en miroir grinçant de notre société et de l’humanité en général. Tout y est dénoncé, de la mode à la gestion des gouvernements en passant par l’égocentrisme humain. L’intrigue se déroule (car il y a bien une véritable histoire) se permettant certes quelques détours gratuits (mais toujours délicieux) et nous présente, en dernière lecture, à la faveur d’une conclusion qui m’a étonné, notre univers, aussi fou que le leur…

Je ne connaissais pas cet auteur qui pourtant semble être fameux en Italie et qui est régulièrement traduit en France (chez Actes Sud, principalement) mais je peux vous garantir que cette découverte m’a vraiment donné envie de me plonger un peu plus dans ses œuvres. Sa plume est élégante, innovante et très agréable. Ce qu’il a à nous dire me semble aussi des plus intéressants. Quelques-uns nous le présentent dès aujourd’hui comme un auteur incontournable. Moi je me contenterai de vous dire, de manière sans doute péremptoire, que votre bibliothèque idéale ne peut être complète sans un exemplaire de ce roman. Vous l’avez compris, c’est mon coup de cœur de la fin de l’année !!!

StepH

Comments

[StepH]

Je crois que Zolg a pratiquement fait le tour des auteurs français. J'ajouterais Damasio et Beauverger qui sont aujourd'hui quand même reconnu comme la nouvelle vague.
Bien vu aussi pour le Eschbach qui est reconnu aussi du milieu.
Je viens de voir aussi qu'il y a un auteur cubain : Yoss qui, parait-il commet de la très bonne SF. Il sera d'ailleurs en dédicace le 26 novembre à Paris. Mnemos nous le fera découvrir en janvier avec la parution de Planète à louer.

[Zolg]

Ah oui, c'est vrai ça, c'est Serge. En plus, lui, il a le prénom de mon père ! Chuis vraiment lamentable !

Zolg.

Ah oui, pis y a aussi Mathieu Gaborit, dans le genre moderne.

[sof]

J'ai bien tout noté !
Oui, je voulais dire SF en général.

C'est vrai que certains noms ne me sont pas totalement inconnus mais ils ne me seraient pas venus à l'esprit spontanément avant des anglo-saxons.

Par contre, s'il y en a bien un que je connais par coeur dans ta liste, c'est Brussolo. Et je te prierais donc d'arrêter de l'appeler Pierre, ce pauvre Serge !

Sof.

[Zolg]

Ah j'en ai trouvé deux autres : Jean-Pierre Andrevon, lui aussi chroniqué ici-même je crois bien, et dont les romans ont dans les années 80 inspiré deux dessins animés vraiment pas mal, Gandahar et La Planète Sauvage. Pis y a Maïa Mazaurette aussi, que j'ai pas lu bien qu'on me l'a offert y a plus d'un an de ça mais ça ne saurait tarder. Quand je dis que j'ai une liste de lecture qui va plus vite que moi ! Elle est plus jeune qu'Andrevon, si j'ai bien compris.
Aussi, j'avais lu une certaine Katherine Quenot, autrefois, mais pareil, plus du fantastique que de la SF.
Je crois qu'aujourd'hui elle est plus dans la littérature de jeunesse.
Zolg.

[Zolg]

Heu, oui, heu, ben là les derniers qu'on a parlé. Meauméjean, Colin, Héliott en ce moment je crois c'est les plus connus. Un peu avant, y avait Pierre Boulle, (La Planète des singes), sisi c'est un français. Heu, bon, aussi y a eu un type qui s'appelait Jules Verne. Y a celle de Blanche Neige et les Lance-missiles, je me souviens plus son nom. Son prénom, oui, c'est Catherine, parce que c'est le même que celui de ma mémé. Ici, aussi, nous avons relaté les travaux d'un certain Pierre Bordage, très bon pour ce que j'en ai lu et dont tu peux aller voir la chronique par le biais de l'Index (hihi...), Pierre Brussolo, dont j'ai rien lu qui soit vraiment de la SF, mais bon quand même. Et tant qu'on est dans les Pierre, y a Grimbert dont nous avons touché quelques mots il y a fort peu. Je sais pas si quand tu dis sf c'est SF au sens strict, ou bien fantastique, en général. Je connais aussi un type qui s'appelle Richard Canal, mais je trouve pas ça terrible. Queneau a fait un bouquin aussi avec des voyages dans le temps, Les Fleurs Bleues, et qu'est très bien, mais je sais pas si ça compte, et de toutes façons, ça fait pas de lui un auteur d'anticipation. Ah oui, encore un Pierre, c'est Pierre Pével, mais pareil, c'est pas des extra-terrestres qui viennent du futur je crois bien. Voilà pour moi !

Zilg.