STAMM, Daniel : Le dernier exorcisme.
Deux sortes de films me font vraiment peur et m’angoissent : les histoires de fantômes et les possessions démoniaques. Je ne sais pas pourquoi. Sans doute est-ce parce que ce sont les deux seules créatures qui peuvent franchir sans difficulté le seuil de notre maison et donc faire voler en éclat notre sentiment de sécurité… Ne reste plus que les vieux rites enfantins de la couverture, du doudou et des pieds qui ne doivent pas dépasser du lit ! Mais, forcément, c’est aussi ce genre que j’ai envie de regarder, quoiqu’il en coûte à mes nuits. Tout ça pour vous dire que c’est avec appréhension que je lorgnais vers la jaquette assez horrible du Dernier exorcisme. Dimanche matin, jour du seigneur, il faisait beau et nous nous étions levé suffisamment tôt pour traîner sur le canapé, j’ai donc franchi le pas ! Voici maintenant mon verdict !
Le révérend Cotton Marcus est prédicateur en Lousiane. Il passe sa vie à mettre en scène la religion pour le salut des âmes mais surtout pour le plus grand bonheur de son portefeuille. Marié et père d’un enfant, heureux, équilibré et sans remord, il réalise pourtant à la lecture d’un fait divers (un exorcisme tourne mal et tue un gamin du même âge que son fils) le mal qui peut être fait par les activités qu’il promeut. Il décide donc de tourner un documentaire mettant à jour les ficelles factices de l’exorcisme. Accompagné d’un cameraman et d’une journaliste, il répond à l’appel d’un fermier de Dernier Calvaire (chouette nom pour une ville !!) et compte bien montrer au monde quelle supercherie la religion est devenue. Malheureusement, tout ne se passera pas comme prévu…
A première vue, le pitch de ce film n’est ni vraiment original sur le fond, ni sur la forme. Le faux documentaire est devenu un cliché cinématographique (à mon sens) et le thème de l’exorcisme est éculé. De plus, personne n’a encore pu ne serais-ce qu’égaler le chef d’œuvre de Friedkin (je parle de l’exorciste, bien sûr). Néanmoins, Le dernier exorcisme a su sortir son épingle du jeu, même s’il n’est pas exempt de défaut.
Tout d’abord, si l’on considère la forme, je dois dire que j’ai été surpris d’emblée par la façon de présenter les choses. Ici, pas du classique « on a retrouvé les rushs de jeunes partis en forêt », le documentaire paraît dès le début monté. Le résultat est qu’on a vraiment l’impression de suivre un reportage ! C’est assez habile et nous plonge assez vite dans le film. Bien sûr, le film n’arrive pas à tenir ce principe tout du long et l’on peut donc relever des incohérences. Qu’à cela ne tienne moi j’ai adhéré ! Le montage est assez énergique, porté par de bons acteurs (en particulier le charismatique Patrick Fabian et la contorsionniste Ashley Bell).
La forme servant bien le fond, le film est comme partagé en deux phases tout d’abord la présentation, de type très documentaire plante le décor, le caractère du personnage principal et les cultures particulières de la Louisiane. L’ambiance n’est pas vraiment fantastique mais cette partie est savoureuse. Vient ensuite l’exorcisme en lui même. C’est à ce moment là que le ton change (c’est aussi à ce moment que le réalisateur passe à une narration subjective plus classique typée Blair witch), basculant lentement mais sûrement vers du fantastique puis de l’horreur. On y rencontre une jeune fille et sa famille de simple fermier… Toujours aussi entraînant, on suit la narration et on se demande ce qui va se passer, s’il le film va vraiment virer à l’horreur. Au final, on va y plonger lors d’une très belle scène, presque sans effets spéciaux ! Encore une fois bravo à la jeune actrice.
Ah si tout avait pu s’arrêter là… Mais non, le scénariste en voulait plus, et en a donc mis plus… Pour un final qui frôle le grotesque…
En conclusion, je vous conseillerai tout de même la vision de ce film qui, s’il ne vous fera pas cauchemarder des nuits entières, vous procurera un bon moment. Le traitement me paraît très original et les acteurs de bon niveau. La jaquette prometteuse trompera forcément les plus hardis des fans d’horreur pure, le fond n’étant pas insoutenable, mais les autres apprécieront sans doute et pardonneront comme moi le final grandguignolesque…
StepH