lastdaysamericancrime1Il me semble vous l’avoir dit régulièrement (si ce n’est pas le cas, je m’empresse de vous le dire maintenant !), les comics ne sont pas définis seulement par des héros en collant qui combattent le mal. Il existe autant de thématiques abordées qu’en bandes dessinées franco-belge. Aujourd’hui, la mode éditoriale en France est au détective comics, pour notre plus grand plaisir. Malheureusement, ce blog n’est pas le lieu pour les chroniquer. Alors lorsque les éditions Emmanuel Proust nous gratifient d’un polar d’anticipation hard boiled, je ne peux que vous le présenter ici !!

Quelques temps dans le futur. Ça y est, c’est terminé. Plus que deux semaines avant que les Etats-Unis éradiquent toute criminalité. Comment ? Plus de cash. Toutes les transactions se feront électroniquement et seront tracées par le gouvernement. Ils rentreront aussi dans nos têtes pour nous empêcher de mal agir. Plus que deux semaines et le monde deviendra beau… En attendant, c’est l’enfer, toutes les charognes profitent des derniers instants de libre arbitre et se repaissent des faibles. Graham en est (une charogne). Mais ce n’est pas un gagne petit. Il a un plan. Braquer la banque fédérale juste avant la mise en place de l’Initiative de Paix Américaine. Pour cela, il embauchera deux associés au pied levé. Mais pourra-t-il faire confiance à la vénéneuse Shelby et à son copain Kevin ? Il n’a pas le choix. Deux semaines, ça peut devenir long, surtout lorsque tout dérape…ldacplanche

Compilé en trois volumes pour l’édition Française, The last days of american crime décoiffe. Sur fond de chaos intégral, Remender nous concocte un scénario sans temps mort dans lequel la morale n’a plus cours. Chaque tome apporte son lot incessant de revirements et d’informations jusqu’à un final classique mais retentissant. Tout se déroule tellement vite que l’intrigue en devient parfois un poil bordélique. Mais le nombre resserré de planches explique cela. Toutefois, on suit les aventures de Graham sans discontinuer, tournant avidement les pages afin d’avoir le fin mot de l’histoire.

Graphiquement, Tocchini (que je ne connaissais pas très bien) apporte à cette atmosphère délétère. Cadrages décalés, traits incisifs et dynamiques, encrage particulier et couleurs moites. Autant vous dire qu’à mon sens, le travail du dessinateur est essentiel à la qualité de l’ouvrage. Grâce à son trait économe mais évocateur, on sent la chaleur, la violence, les odeurs de fluides corporels. On ressent ce monde aux abois qui vit ses dernières heures de liberté. Rien ne nous est épargné. Même la nudité, qui est en général plutôt proscrite dans les Comics, se dévoile sans pudeur et sans amour. Sans doute, la particularité du graphisme et de l’encrage perturbera les afficionados de la ligne claire. Mais pour ma part, je suis conquis !

lastdaysamericancrime3Signalons aussi les magnifiques couvertures de Alex Maalev (sublime sur le titre Daredevil) qui donne envie d’acheter. Malheureusement, le décalage de style entre la couverture et le comic book risque d’en troubler quelques uns…

Très belle réussite donc que cette série, bien trop courte. Les amateurs de polar devraient se régaler autant que ceux qui apprécient les univers sombres et désespérés. Et l’avantage de vous les approprier aujourd’hui est que tous les tomes étant disponibles, vous ne vous rongerez pas les ongles en attendant fébrilement la suite, comme j’ai pu le faire !!! Notez enfin que les droits ont été vendus pour une adaptation ciné. M’est avis que ça ne va pas être aussi bon…

StepH

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