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E-maginaire
23 mai 2011

SILVERBERG, Robert : Tom O'Bedlam.

tom_obedlamIl est un auteur, en vérité un monument de la sf, dont nous n'avons jamais parlé ici : il s'agit de Robert Silverberg. Et comme personnellement, je l'aime bien, je me suis proposé de réparer l'oubli avec Tom O'Bedlam.
Tom est un jeune homme plutôt pauvre d'esprit que l'on trouve en début de roman errant sur la côté ouest des États-Unis. Cela se passe peu après une quelconque guerre cataclysmique qui a poussé tout les habitants vers ce côté-ci. Le monde est proche de sa fin, cela se sent, cela se voit presque, même si un semblant de civilisation persiste : chacun survit à sa manière, les villes sont plus petites qu'autrefois, et de nombreux hommes et femmes parcourent le continent d'un bout à l'autre, plus ou moins à la recherche de leur subsistance. Ainsi, le pauvre Tom s'embarque avec une bande de maraudeurs, sorte de mini-tribu nomade qui vit de rapine, de rapine et de rapine.
Mais Tom n'est pas un fou comme les autres : il fait des rêves, des rêves à propos de galaxies lointaines et de mondes merveilleux. Des visions si puissantes, à vrai-dire, qu'il envahissent les esprits de qui l'approche.
Plus loin au nord, dans un institut spécialisé, les patients internés pour subir un « redressement » mental sont, eux aussi, atteints de délire et évoquent de lointains horizons ; le plus dérangeant, c'est que les docteurs et le personnel soignant sont eux aussi peu à peu emportés par ces visions.
Plus loin au sud cette fois, à la frontière du Mexique, une étrange secte – le Tumbondé –  promettant l'ascension vers d'autres mondes pour qui adorera les dieux venus de l'espace, se met en route, gigantesque cortège filant vers le lieu du « passage ».
C'est sur ces trois tableaux que nous suivons les pérégrinations des personnages choisis par Silverberg : Tom, donc, mais aussi une psychologue de l'institut et un ancien universitaire choisi par le Senhor Papamacer (grand chef du Tumbondé, vous l'auriez compris si je l'avais pas dit...) pour écrire le grand livre relatant l'expédition vers le nord et l'accomplissement de « l'Ascension » pour ses disciples. Lentement, sans heurt, l'américain nous mène jusqu'à la scène finale tant attendue. Dans son style simple et sans accroc, il dresse le portait d'une société déchiquetée et en mal de croyances,  tout en menant une réflexion intéressante, à mon humble avis, sur la question de la foi : qui croire, à partir de quand et en quoi croit-on, quels sont les cheminements obscurs de nos croyances et de nos certitudes les plus rationnelles – et surtout, comment être certain de ne pas se faire piéger par de troubles charlatans au moment où l'on fait le saut qui nous mènera des rives du doute éclairé à celles de la foi pure et simple ?
C'est en tout cas comme cela que j'ai lu le livre. Et la réflexion est menée avec talent, pour  avoir réussi le tour de force de m'y plonger, moi qui suis avant tout laïque, vaguement agnostique et généralement peu soucieux de ce genre d'interrogation ; menée avec talent, bien que pas poussée très loin non plus. Car avec Tom O'Bedlam, on navigue en permanence entre le fond et la forme, et l'auteur choisit de ne pas choisir entre son récit et la réflexion proposée, et c'est aussi bien, car il s'agit avant tout d'un roman, agréable et divertissant, où l'on passe d'un personnage à un autre, on vit leurs aventures (sans grande adversité, il faut le dire, ce qui est un plus à mon sens tant la chose est rare dans des  écrits de S.F.) intérieures et extérieures avec un plaisir simple, un livre que l'on referme avec satisfaction une fois achevé. Le mot qui me vient pour le qualifier, m'aperçois-je en même temps que j'écris ces lignes, est le mot : frais. Voilà, Tom O'Bedlam est frais. Sympa. Pas prise de tête. Cool. Et c'est avec satisfaction aussi que j'ai noté le réel savoir-faire de l'auteur pour se renouveler, car ici on est loin de l'anticipation angoissée et savoureuse des Monades urbaines ou de l'onirisme éthéré, pour parler de ce que j'ai lu, des Ailes de la nuit ou bien des Lettres de l'Atlantide ; loin encore de l'action haletante que semble être le cycle de référence de Silverberg, celui du cycle de Majipoor. Du coup, je ne saurais dire s'il s'agît d'un échantillon représentatif de son œuvre, mais vous pouvez le lire, quand même : c'est frais.

Zolg

CITRIQ

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Commentaires
Z
Tu confonds : c'est pour les Contes de l'Oriel, j'avais parlé du Baron de la FRAISE... <br /> Bon, ok, chuis démasqué. C'étaient les personnages qui étaient FRAIS... Dont la fameux baron. De la fraise, donc... <br /> <br /> Zolg.
S
Je crois que je vais rajouter tag "frais" ! Il me semble que tu avais déjà utilisé ce terme pour définir un autre roman... Je vais mener mon enquête !!<br /> StepH
S
.....ce sera parfait pour cet été !<br /> <br /> Sof.
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