MARTIN, Georges R. R. : LE TRONE DE FER.
Cent fois sur le métier, nous remettons notre ouvrage... Par trois fois j'ai composé une opinion sur cette série...
Lorsqu'il y a quelques semaines j'ai livré une première version de cette chronique, je m'appuyais dès le départ su une thèse : Le succès de cette œuvre auprès des afficionados du genre me paraissait mystérieux. Alors que les faits démentaient une bon part de mon argumentaire, il m'a été demandé de reconsidérer ma position avant publication. Obstination têtue ou esprit de contradiction : Toujours est-il que je n'en suis pas à renier mes propos même si j'ai fais évoluer ma démonstration.
Le Cerf Barathéon, le Lion Lannister, le Dragon Targaryen, derrière ses héraldiques animales, des familles qui gravitent et s'affrontent autour du Trône de Fer, symbole du pouvoir suprême sur les Sept Couronnes. Le Loup-garou de la famille Starck, seigneur du Nord se tient quand à lui prudemment éloigné de l'écheveau des intrigues de cour – le " Jeu des trônes " -. Or les événements vont conduire Eddard Starck, homme d'honneur, chevalier intègre au centre de ce jeu quand le roi va lui conférer la charge de Main, premier exécutant des volontés royales. Ces événements vont mener aussi à la séparation de sa famille. Son fils aîné, enfant illégitime est contraint de rejoindre la Garde des Ombres ; Ramassis de vauriens et de traîne-misère qui mènent une surveillance vigilante contres les créatures surnaturelles qui vivent par-delà le Mur. Son deuxième, pourtant bien jeune, appréhende la lourde charge de Seigneur du Nord. Ses filles prennent la nouvelle de façon opposée. La première s'est toujours rêvée princesse et épouse de Roi et la seconde cherche encore sa place en ce rude univers. Le cadet voit prématurément s'évanouir ses rêves de chevalerie. On ne surprend pas les puissants menant des affaires compromettantes sans en subir les conséquences : la paralysie des jambes valant-elle mieux que la mort ? A tout ces enfants, la providence vient de confier un jeune louveteau-garou orphelin. Peut-être pour se rattraper des périls qu'elle compte leur faire subir...
Si on peut estimer que l'intrigue va principalement tourner autour de ces personnages, on ne peut les dissocier des autres. La reine est une personne ambitieuse aux mœurs plus que dissolues. Son frère jumeau, son amant, est un parjure qui porte le surnom de " Régicide " : il a tué le roi qu'il avait juré de servir. Leur frère est un nain au physique difforme, qu'une vive intelligence compense pour survivre dans le difficile jeu des trônes. Quand au roi, il dispose lui aussi d'une intéressante fratrie. Chacun de ses frères n'attend que sa chute pour prétendre à sa place – comme il se doit... - Ceci alors qu'à l'Est, les héritiers du précédent Roi, déchu par la force, forgent des alliances pour recouvrer le Trône de Fer. Et bien d'autres encore que je n'évoque ici pour ne pas me livrer à un fastidieux et inutile inventaire...
Affrontements martiaux, intrigues politiques, chassé-croisé amoureux, quête initiatique : Il ne manque rien ici des éléments qui font les grandes sagas... L'ensemble est subtil, dynamique, audacieux, dense. A quiconque le lirait dans son édition intégrale en quatre tomes un constat s'impose : Quasiment aucun personnage n'est à la conclusion d'un tome dans la situation qu'il occupait au prologue de celui-ci... Certains connaissant même une conclusion définitive à leurs aventures. Blasés des contes emplis de créatures fabuleuses et de magiciens, vous trouverez ici votre bonheur en des loup-garous qui ne sont que d'énormes lupins et des sorciers aussi rares qu'inquiétants : un univers low-fantasy âpres et dangereux.
A cet instant de ma présentation, je soulevais mon propre paradoxe : introduisant une circonspection en introduction, je venais de me fendre d'un éloge de l'œuvre. Il était vrai qu'alors au sortir de l'édition française dite " intégrale "de quatre tomes, il n'existait pas de suite qui me fut connue ce qui me menait à m'interroger sur la validité d'en encouragement à lire cette série.... Or le temps est notre pire ennemi. Presque six mois se sont écoulés entre la fin de ma lecture et l'écriture de cette chronique. Quelques jours avant, après presque six ans de silence, l'auteur s'est fendu de la suite – publication anglaise s'entend -Certains pensaient que je pourrai alors me renier. Or, cela m'a plutôt conduit vers des abîmes de perplexité. Les personnes qui m'avaient conseillé cette saga avec empressement pour l'avoir lu bien plus tôt ne pouvaient avoir connaissance de cette suite... Comment alors ce peut-il que l'on m'ait conseillé avec empressement une histoire qui était alors sans fin...
Partisan de cette série, je le suis. Mais je mettrai en garde les personnes qui comme moi aiment les conclusions. Mais probablement ne vous trouverez vous pas dans la situation qu'on vous conseille cette série alors qu'elle est inachevée... Moi je vous conseillerai la patience. Cette chronique en est un bon exemple....
Pacman.