GAIMAN, Neil : Odd et les Géants de Glace.
Odd est un petit garçon étrange et boiteux, au pays des glaces dans le grand nord, qui va quitter son village à la suite d'une péripétie avec son vilain beau-père et se retrouvera embringué dans de drôles d'aventures en compagnie d'un renard, d'un ours et d'un aigle.
Odd et les géants de glace est un mini-roman paru en 2008 ( je crois) et vendu 1 Livre Sterling pour je sais pas quelle bonne cause ; personnellement, je me le suis procuré pour près de 10 fois plus, en version papier, chez Wiz de Albin Michel.
Voici une critique, disons-le tout-de-suite, qui a une vocation polémique. Et le débat ne portera pas sur l'arbitrage de la finale de la coupe du monde de rugby, même si ça pourrait, quand-même, parce que. Mais non. Mon envie, bien vaste et illusoire je le sais, est de m'en prendre à une icône : ce bougre de Neil Gaiman, auteur agaçant s'il en est. A mon avis. Entreprise d'autant plus complexe que, nous le verrons plus loin, je ne suis finalement même pas d'accord avec moi-même.
Un avertissement préalable, toutefois : l'auteur du présent billet a parfaitement conscience qu'il ne fera pas grand mal au susnommé Gaiman en s'en prenant aujourd'hui à son œuvre et que son opinion lui fera, au mieux (au GRAND mieux....), une belle jambe. Et, dans le fond, c'est aussi bien.
Mais bon, lâchons-le enfin : depuis quelques années, Neil Gaiman m'exaspère. Je trouve qu'il gaspille son talent, et même si c'est le sien, après tout, et qu'il en fait ce qu'il veut, c'est extrêmement frustrant. La concrétion ultime de ce vilain sentiment en moi a vu le jour dernièrement, quand j'ai refermé cet espèce de machin chose absolument inintéressant qu'est le court roman qui occupe la place centrale de la présente critique. Roman qui, malgré tout, n'est pas si mal écrit – mais c'est bien là la seule qualité que je lui trouverai. Pour le reste, l'exploration ultra-rapide de la mythologie norroise, pourtant vaste et fascinante, est on ne peut plus décevante, les personnages à peine tracés et caricaturaux, le schéma narratif terriblement classique... Quel atroce constat !
Mais revenons à l'auteur en élargissant le débat ; c'était mon intention première. Je sais que je ne me ferai pas que des amis ici en écrivant ceci, mais voilà : à quoi joue-t-il ? En ce qui me concerne, j'ai adoré Neverwhere et Coraline, tous deux véritables chefs d'œuvres, qui avaient l'énorme qualité de tracer et de (re)définir, quelque part, les règles d'un genre plus ou moins neuf – la fantasy urbaine pour le premier, et cette espèce de littérature étrango-horrifique de jeunesse (pas trouvé mieux comme nom) pour le second. Les œuvres de cette verve sont assez rares pour être signalées. J'ai beaucoup aimé Stardust, même si incontestablement, il ne revêt pas la même envergure. Je ne me suis pas ennuyé devant L’Étrange Vie de Nobody Owens, un petit peu plus avec le pourtant très (sur)estimé American Gods que, nous en avons déjà parlé ici, je trouve assez bon, mais sans plus, mais dont j'ai la dérangeante impression qu'il ne doit son prix Hugo qu'au seul nom de son auteur, plutôt fashion dans son genre, et qui a été ma première déception. En revanche, que de temps perdu devant Anansi Boys à attendre que quelque chose se passe et... ah, mince. C'est tout. Non, pardon, ce n'est pas tout : il y a Odd et les géants de glace.
Alors, oui, comme souvent, je me coupe moi-même l'herbe sous le pied, mais il faut être honnête, je ne vois finalement pas plus de gâchis que cela, en fait. Voyons voir (si je peux me rattraper à une branche)... Miroirs et Fumées est complètement inégal, mais quels sont les recueils qui ne le sont pas ?
Toutefois, je dois le dire, avec Odd et les Géants de Glace, je trouve que l'on franchit un cap. A noter malgré tout, que la faute en revient ici aussi à l'éditeur, qui propose une histoire très médiocre à un prix qu'elle ne mérite pas en se servant d'un nom. Vilaine sensation de s'être fait couillonner.
En conclusion, je ne peux que, à regret, faire une croix sur ma croisière anti-Gaiman, même si je trouve qu'il ne mérite pas toujours toutes les louanges qui lui sont faites – c'est, à mon avis et avec le recul de quelques années, juste un bon auteur qui a eu le « malheur » d'avoir des débuts tonitruants et de ne pas réussir à se remettre au même niveau pour la suite. Ça peut arriver, dans le fond. Même si tout mon fiel (oui, je le reconnais, je suis fielleux... bon, ça me passera) provient essentiellement du fait que je n'attends qu'une chose, c'est qu'il se décide enfin à me fermer mon clapet en publiant un nouveau chef d'œuvre !
Le hic, c'est que, avec tout ça, je ne suis vraiment pas sûr que celui-ci ne me passe pas sous le nez tant, à présent, je suis devenu hésitatif devant ses titres. A force.
Zolg