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12 avril 2012

BESTER, Alfred & ZELAZNY, Roger : Le Troqueur d'âmes.

le troqueur d'ameA force de dénicher les chefs d'œuvre, on finit par oublier de parler de ce qu'il ne faut pas lire. Enfin, qu'il vaut mieux éviter, disons. Alors, j'ai décidé de m'y mettre – ça me prend de temps en temps. Mais ne prenez pas non plus mon avis pour argent comptant : il n'engage que moi.

Roger Zelazny, on connaît ; c'est frais, c'est drôle, pas toujours très original à ce que j'ai compris, mais quand même plutôt de la qualité. En ce qui concerne Alfred Bester, allez savoir, de temps à autre les éditeurs et les libraires se liguent pour dénicher un auteur incontournable sorti d'on ne sait où et qu'il faut ABSOLUMENT connaître – comment cela, vous n'en aviez même pas entendu parler c'est pas possible ?!?!?

Ainsi, dernièrement, ils nous ont tous mis en tête de gondole, avec les compliments du libraire, un livre d'une originalité frappante parait-il, L'Homme Démoli ». D'Alfred Bester, donc.

Bon, moi je me fais pas avoir comme ça. Alors j'ai plutôt acheté « Troqueur d'âmes », co-signé des deux précités, et ré-édité chez J'ai Lu en poche pour l'occasion de la ré-édition de L'homme Démoli, je crois.

L'histoire était alléchante : un bonhomme, journaliste, tombe sur une « étrange échoppe » qui vend, disponible à toutes les époques de l'humanité, des traits de personnalité. Il va accompagner le marchand dans sa boutique et même y devenir vendeur à temps complet, séduisant au passage sa nounou (!), une étrange femme-serpent au charme hypnotique. Hélas ! A la lecture, ça se gâte. Des personnages qui passent, qui reviennent, des informations vaguement lâchées et non reprises... Les deux hommes ne se sont pas consultés (Zelazny a repris l'écriture après la mort de Bester, qui avait laissé l'ouvrage inachevé, si j'ai bien compris), et ça se sent. Le premier ne donne pas l'impression de savoir où il veut aller ; le second essaye de remettre un peu d'ordre dans tout ça, mais ne fait malheureusement qu'y fiche un peu plus de pagaille. C'est absolument incompréhensible ! Le personnage principal s'avère en fait être, plutôt qu'un simple journaliste, un chasseur de primes intergalactique trans-temporel (notons au détour que lui-même n'était pas au courant...), là où le marchand serait... le diable ? Le messie ?

Incompréhensible, donc. Au passage, un clochard qui devient dieu, une histoire d'amour ô combien ennuyeuse et sans rebondissements dont on pense bien, à un moment, qu'elle prendra la place centrale de l'intrigue mais en fait non pas du tout (ils se contentent de forniquer dans l'arrière-boutique...), des extra-terrestres empotés qui essaient de prendre le contrôle du magasin parce que c'est important quand même, cosmiquement parlant, d'avoir un magasin... autant de dossiers laissés sans suite.

Malheureusement, ce n'est pas non plus du côté du style, de la richesse intérieure des personnages, de la beauté époustouflante de l'univers qu'il faudra chercher de quoi sauver la soupe. Rien de tout cela à l'horizon. Il paraît qu'il y a de l'action, de l'amour, du suspense, de l'humour... pas trouvé.

Le tout étant, qui plus est, précédé d'une insupportable et pédante préface de Greg Bear qui trouve le moyen de nous parler des « Grands auteurs Jazz » de la SF – incluant, donc, ces deux-là dans le lot. Personnellement, je perçois difficilement le lien qu'il semble envisager entre cette musique et l'écriture – plutôt que, mettons, entre écriture et cuisine, par exemple. Certes, il y a art, donc planification et improvisation mêlées, mais au-delà de ça.... Sincèrement, il aurait mieux fait de se taire plutôt que d'écrire de pareilles sottises : ça donne juste l'impression qu'au moment où on lui a demandé de pondre cette préface, le bonhomme était en train d'écouter son tout récent disque de John Coltrane ou de Dave Brubeck... bon, ben c'est tant mieux pour lui qu'il lui plaise, mais où est-ce que ça nous regarde ? Et surtout, qu'est-ce qui rattache la S.F au jazz plutôt qu'au rock'n roll, à la musique tsigane, aux ensembles de percussion africaine ou aux orchestres symphoniques ? Je vous le demande. Une comparaison qui tombe, à mon sens, comme un cheveu sur la soupe.

Bref, je n'insiste pas et en viens directement à la conclusion, qui prendra la forme d'un conseil : si vous le pouvez, évitez de vous lancer dans la lecture de Troqueur d'âmes. Moi j'ai trouvé ça nul.

Mais ça n'engage que moi.

Zolg.

CITRIQ

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Commentaires
Z
Ah ! Je te vois venir, gredin ! Tu veux dire que mon "moi, je me fais pas avoir comme ça" tombe mal à propos... ? <br /> <br /> Euh... Bon, tu dois pas avoir tort. Mais le coup de l'Homme Démoli me disait trop rien, alors...<br /> <br /> Concerning Zelazny, j'avais lu le coup du démon qui fait de blagues, avec Sheckley. Plutôt bien... Je savais pas qu'il y avait des réticents ! <br /> <br /> Quoi qu'il en soit, tu as raison, le coup prochain, je demanderai conseil à mon libraire !<br /> <br /> Zolg.
S
Ton article m'évoque une conclusion :<br /> <br /> Peut-être aurait-il mieux valu que tu suives le conseil de ton libraire ! Son boulot n'est-il pas de jouer le médiateur entre l'éditeur et le lecteur ? Car comme tu le dis bien, le roman que tu as lu était un roman d'opportunité, d'achat d'impulsion pour surfer sur la vague du bon bouquin que les libraires ne manqueraient pas de repérer!<br /> <br /> Pour ce qui est de Zelazny, il y a quand même pas mal de critiques réservées... Peut-être a-t-il mal vieilli...<br /> <br /> <br /> <br /> StepH
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