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E-maginaire
8 octobre 2012

BANKS, Iain : Transition.

 

transitionOrbit a presque trois ans. Trois ans placés sous le signe de la découverte et, globalement, de la qualité. Mais aussi trois ans sans un seul titre SF alors que le groupe publie les plus prestigieux auteurs anglo-saxons ! Ça donne envie de râler ! On aurait pu se lancer dans une critique de la politique éditoriale résolument tournée vers les genres commerciaux (Bit lit et Fantasy), réduisant avec cette analyse le travail de l'éditeur. Et voilà qu'hier (en Juin) paraît enfin un roman SF. Et du Iain Banks, s'il vous plaît ! L'auteur, considéré par les lecteurs comme l'un des meilleurs écrivains britannique, est surtout connu (pour le genre qui nous occupe) pour son cycle de la Culture qui a dépoussiéré le genre du Space Op. Orbit se lance donc en SF avec du lourd. Je suis un peu décalé sur l'actualité (alors que vient de paraître Olium du non moins grand tandem Herbert et Anderson) mais je me devais de vous en dire un mot.

Et si j'avais couru pour prendre le métro plutôt que d'attendre patiemment le prochain, ma vie aurait-elle été différente ? Le monde aurait-il été différent ? Oui. Chaque décision crée une divergence, une réalité différente, parfois proche, parfois éloignée de la notre. La masse de choix crée une infinité de monde que le Concern a appris à arpenter. L'acte de changer de monde se nomme transiter et l'organisation recherche et forme les agents sensibles qui vont travailler pour lui. Mais dans quel but ? Nul ne le sait exactement. Pour le meilleur... Vaste objectif que divers protagonistes vont tenter d'évaluer... et ça ne va pas plaire à tout le monde !!!

Transition est un roman dur à résumer et qui laissera perplexe plus d'un, y compris votre serviteur, au départ.

Formellement magnifique, l’œuvre est construite comme une accumulation de voix différentes qui présentent un pan du concept vertigineux de l'auteur : les mondes parallèles. Ils ont tous à voir avec le Concern, organisation nébuleuse qui intervient, « pour le bien de tous », au sein des différentes réalités. Mais les choses ont mal tourné. A la façon d'un puzzle, nous allons devoir découvrir ce qui se trame, suivant les témoignages des différents protagonistes. En ce sens, Banks nous propose une sorte de thriller monté de manière impressionnante et dont la construction renforce l'effet vertigineux de l'infinité de mondes.

Mais cette redoutable mise en forme induit des attentes très hautes. Et c'est sans doute là que le bas blesse. Répondant au stimulus fort que nous provoque Banks, obnubilé par le texte, on se lance à corps perdu dans la recherche du sens. Quel est la clé de l'intrigue ? Où veut en venir le Concern, quel est clairement son but ? On veut reconstruire le puzzle pour découvrir une image claire. Force et de constater que, de ce côté là, l'intrigue finit par se révéler assez faible.

A mon sens, et après discussion sur un forum, le véritable intérêt ne se trouve pas forcément sur l'intrigue « policière » mais sur l'humain. La question n'est plus de dénouer les fils d'une histoire complexe mais d'analyser l'humain qui la sous-tend. Ainsi, Banks nous brosserait (de manière très cynique) le portrait d'une époque folle dans laquelle l'individualisme et l'égoïsme sont rois. Pris dans ce sens, c'est une nouvelle histoire qu'on découvre, soutenue par une plume acérée qui dépeint des personnages très humains, très égoïstes mais, au final, dans l'air du temps. Pousserais-je plus loin ma logique et je vous dirais que ce livre finit par devenir une critique de notre société néo-capitaliste qui a perdu toute notion de rationalité ou de bien commun...

Transition est un roman complexe qui ne plaira pas à tous. Moi j'ai découvert un auteur au style sûr et précis, au talent de raconteur indéniable. Formellement, le livre est une incontestable réussite. Quant au fond, j'ai envie de dire qu'un grand livre ne se livre pas si facilement. Il ne vous reste plus qu'à le lire et à revenir parler de ce que vous en avez retiré ! En tout cas, s'il fait réfléchir, un roman ne peut être mauvais... Quoiqu'il en soit, et pour fermer la boucle de mon article, Orbit accoste enfin sur les rivages de la SF de bien belle manière et, je n'en doute pas, nous gratifieront à l'avenir d'autres bons titres !

StepH

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Commentaires
E
Ah Sliders... Comment parler de mondes parallèles sans cette série ! Pourtant, il y a très peu de rapports ! Si je voulais faire une analogie, je dirais que Transition serait un Sliders filmé par Fincher (Fightclub) car tout au contraire de la série, l'intérêt est dans sa réalisation !
Z
Ah... la multiplicité des mondes ! Un sujet fascinant, qui paraît pouvoir être porteur de tout un tas de choses fascinantes ! Tu m'as donné envie, tiens, malgré tes réserves. <br /> <br /> Ceci-dit, quand je me souviens de la série Sliders, qui avait à peu près autant de qualité que de défauts... je me demande ! <br /> <br /> Zolg.
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