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E-maginaire
5 novembre 2013

KADREY, Richard : Sandman Slim Tome 1.

sandman slim

Los Angeles est une ville de merde. Mais lorsqu'on vient de passer des dizaines d'années à occuper la douce place de punching ball démoniaque (puis accessoirement tueur professionnel) au fin fond de l'enfer, tout devient relatif. James Stark s'est fait baiser. C'est peu de le dire. Enfin, bon, quand on traîne avec des magiciens avides de pouvoir, ce sont des choses qui arrivent. Mais ce qui pousse Stark à s'échapper du royaume de Lucifer pour buter Mason et son convent, c'est la vengeance ; non parce que ce salaud l'a balancé en enfer mais parce qu'il a sauvagement fait assassiner la femme de sa vie. Et l'avantage quand on a subi les outrages de démons pendant si longtemps, c'est que plus grand chose ne nous tue ou nous fait peur... L'ennui, c'est que Mason a aussi pris du grade et ne sera pas si simple à débusquer. Y aurait-il un plus grand plan derrière tout ça ?

Sandman Slim est le deuxième roman de l'auteur édité dans la collection Lunes d'encres. Si Butcher Bird m'avait perdu dans les méandres de ses bons mots, il n'en a pas été de même ici.

D'humour, Sandman Slim n'en manque pas, mais il n'oublie pas, cette fois-ci, de construire un monde d'urban fantasy riche et savoureux. Anges, démons, néphilims, alchimistes, créatures étranges, rien ne manque. L'intrigue avance à cent à l'heure, farcie de références, de vannes bien senties et plus généralement d'une bonne dose d'humour (et de coup de latte) punk-rock. James Stark est un de ces anti-héros à la grande gueule, pas forcément toujours très sympa mais tellement attachant. Oserais-je dire que les quelques premières pages de l'histoire m'ont furieusement (et délicieusement) fait pensé à un The Crow version Cid Vicious (un jeune homme se fait liquider mais il revient parmi les vivants pour venger sa femme...) ! Une histoire de vengeance qui tourne assez vite au complot, tentant de remiser la motivation première du héros aux oubliettes. C'est oublier que Stark est une tête de nœud ! Enfin, il vous faudra lire pour connaître les pérégrinations de notre personnage principal, en forme de doigt d'honneur.

Un roman de Fantasy urbaine donc, mais d'une grande originalité de ton. Pour autant, cela suffit-il à ébaucher un univers suffisamment prenant pour une série (Ah, je n'ai pas précisé que Sandman Slim était le premier tome d'une série constituée, pour le moment, de 5 tomes aux States) ? Évidemment la réponse est positive ! On s'amuse follement, mais on découvre parfois un personnage plus grave qu'attendu (les moments de blues sont d'autant plus forts qu'ils sont entourés de gros « fuck »), très humain , attachant et complexe, un franc tireur qui nous étonne et nous fascine par sa liberté. L'univers est cohérent avec le ton utilisé et non manichéen, la foule de protagonistes sont bardés de sombres secrets et de buts divers. Il y a vraiment de quoi faire...

Pour résumer, Sandman Slim est une belle découverte. Dans la cohorte des privés du surnaturel, Stark a su gagner une place particulière, réveillant en moi l'ado rock n'roll, rebelle et avide de liberté ! Richard Kadrey réussit l'exploit de me divertir, de m'amuser, tout en construisant les bases d'une série qui pourrait bien gagner encore en intensité. Espérons que le succès du premier tome nous permettra de continuer à suivre ce héros marginal, en français.

StepH

CITRIQ

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