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Gary Victor est un auteur haïtien assez réputé, ayant commis bon nombre de romans (souvent primés), nouvelles, essais et pièces de théâtre qui en font une sorte, si j'en crois ce qu'il s'en dit ici ou là, de "porte-parole" de l'identité hawaïenne. D'un autre côté, on devient si vite porte-parole dès que l'on vient d'ailleurs... peut-être se contente-t-il d'écrire et de décrire ce qu'il connaît et ce dont il rêve.

Quoi qu'il en soit, ma quête éperdue de vaudou m'a mené sur ses traces, et c'est avec grand plaisir que je me suis glissé entre les pages de ce petit recueil publié en 2007 et sobrement intitulé Treize nouvelles vaudou.

Une première bonne nouvelle : le titre ne ment pas. Il y a bel et bien treize histoires et chacune traite de cette fascinante religion – parce que c'est bien ce dont il s'agit, au départ, avant d'être un truc avec des poupées de cire et des morts qui se relèvent.

Treize courtes histoires, donc, écrites dans un style net et sans fioritures, qui tend à donner plus de poids à la réalité qu'il décrit. Ici, le fantastique et la magie sont abordés de par leurs effets et leurs manifestations extérieures plutôt que de l'intérieur. On y rencontre bien des hommes d'affaires assoiffés de pouvoir, des horloges maudites et des prêtres noirs, mais toujours sous l'angle, soit du simple témoin (dans le meilleur des cas), soit de la victime impuissante. Un peu comme si Gary avait lui-même peur d'approcher la bête de trop près.

On en ressort inquiet de toute cette solidité, toute cette véracité qu'acquiert la magie dans le cadre le plus quotidien qui soit, et si on a été enchanté des voyages effectués à travers l' île, de ses sublimes paysages et des rencontres que l'on y a faites ; si, certes, nous tient, tenace, l'envie de s'envoler une fois reposé l'ouvrage pour aller se perdre dans les cités poussiéreuses et les forêts d'Haïti, il ne nous en reste pas moins un doute. « Vraiment, chérie, tu es sûre... Haïti ? »

Ce qui est certain, c'est que s'il ne nous embarque pas pour d'interminables voyages extraordinaires, Gary Victor utilise remarquablement l'angle de la magie et du fantastique pour parler, avant tout, de l'homme, de ses ambitions, de ses noirceurs et de ses lueurs, toujours avec une simplicité qui n'échoue pas à en révéler l'universel.

Et ça c'est cool.

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