Andy J. Forest est en fait un harmoniciste de blues, qui fait des disques, en fait. C'est un californien qui vit en Louisiane. Lettre de l'Enfer est, je crois, son premier roman. Je l'ai acheté, et je l'ai lu : évidemment, le quatrième de couverture vous promettait monts et merveilles, « un véritable joyau dont les lueurs resteront dans votre mémoire etc... ». Hélas, ce n'est qu'un quatrième de couverture. Pour ma part, j'ai été assez déçu. L'histoire est celle de 5 musiciens plus ou moins paumés et rassemblés par un producteur européen pour une tournée en Italie. Forest a le verbe haut, c'est plein de swing et de tam-doum-douwap, et dès le premier chapitre, le personnage central jette son saxophone à l'eau, c'est pas très éco-citoyen mais ça donne un air artiste-bohème qui vit au jour le jour...

Par la suite, ça se tasse, on suit les aventures des « zicos » dans leur tournée, bourrée de péripéties comiques qui, pour ce qui me concerne, n'ont hélas pas vraiment pris. Mais je suis peut-être mauvais public. On se voit balader d'un personnage à l'autre, je me demande si l’auteur ne cherchait pas à augmenter le nombre de pages en rajoutant une histoire d'une riche veuve italienne... Puis vlan : nous basculons enfin dans le fantastique quand le groupe... explose, victime d'un attentat. Et là, ils se retrouvent en enfer. Le fil bascule dans l'onirique et l'absurde, la bande se retrouve changée en un troupeau de lions et certains en profitent pour forniquer, ils croisent Lester Young et fuient un terrible monstre en compagnie de nains cannibales, avant de finir au bar où Satan leur propose un Contrat à Durée Indéterminée. Je vous dis pas s'ils acceptent.

Dans le fond, l'histoire n'est pas mauvaise ; mais Andy Forest, qui a l'air d'être un bon type par ailleurs, veut trop en faire, on sent qu'il essaie d'épater son lectorat à chaque ligne et c'est assez agaçant. On pense parfois à Boris Vian (ce qui est plutôt flatteur, vous me direz), mais ce serait un Boris Vian pas très en forme, en fait. Ceci dit, je suis peut-être mauvais public ? En tout cas, les lueurs n'étincellent plus dans ma mémoire, il me faut l’avouer.

Ce qui est à noter, c'est qu'existe également la B.O. du livre : un disque d'Andy J. Forest (vous l'aurez compris) qui s'appelle « Lettre de l'Enfer ». J'ai aussi acheté le disque... et je dois dire que le bonhomme est un redoutable harmoniciste, mais le résultat de l'écoute fut hélas à peu près identique à celui de la lecture du livre. Flûte !

Zolg

Forest, Andy J. : Lettre de l'Enfer

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