Vastes sont les terres Imaginaires. Celles que nous n'avons pas encore ici colonisées sont les plus lointaines, les plus insolites. Elles surgissent au détour de nos parcours personnels parfois par hasard, mais souvent comme une évidence. Il en est une que je me dois de partager avec vous.

Bien que semblant directement inspirés de contes asiatiques, Kà nous raconte une histoire universelle de perte tragique et d'une difficile reconquête. Cette universalité rend le nom des personnages inutile, chacun clairement identifié par son maquillage et son costume coloré.

Ainsi s'ouvre ce conte : Le Prince Jumeau et la Princesse Jumelle arrivent à la fête donnée par leurs parents l'Empereur et l'Impératrice. Mais alors que les convives font montre de grandes prouesses acrobatiques et martiales, s'assemblent dans l'ombre Archers et Lanciers dont les traits traversant l'espace causent mort des monarques et fuite désespérée de leurs enfants. Aidée de sa Gouvernante et de ses Valets, la Princesse parvient à fuir à bord d'un bateau. Blessé, le Prince reçoit le soutien du Fou. Se trouve alors contée l'histoire de ces deux fuites. Naufragés, la Princesse et ses suivants accompliront un périple merveilleux entre plage, poursuite à flanc de falaises abruptes, vol au dessus de montagnes enneigées et chute vertigineuse dans une jungle luxuriante. La Prince diminué ne peut trouver réconfort que dans les tours du Fou faits de petites histoires en ombres chinoises... Avant d'être capturé par les Archers et d'être conduit dans leur repaire. Enfermé, il fait la connaissance de la Fille du Grand Archer... et de l'amour. Évadé, il retrouvera sa sœur et ses nouveaux alliés, le Garçon Luciole et le peuple de la forêt. Le combat final peut alors s'engager : Faire face au Conseiller qui a renversé le Grand Archer et son Fils, génial inventeur d'une machine diabolique qui, broyant os et minerai, crée un terrible explosif.

Ce conte bien qu'universel n'est pas à la portée de tous. Il ne peut s'apprécier qu'en traversant un océan et la moitié d'un continent pour le vivre dans l'écrin même où il se donne presque tout les soirs. Kà est un spectacle vivant dont l'extraordinaire décor fait d'immenses plateformes mouvantes suspendues au-dessus du vide et de mats cernant la scène ne peut avoir lieu qu'en un seul endroit le " Kà Theater " à Las Vegas... Bien en a pris à la télévision allemande de réaliser une capture de ce spectacle pour qu'il puisse parvenir jusqu'à nous...

Costumes, arts du cirque, arts martiaux, musique, génie de l'ingénierie mécanique, de la vidéo... mais surtout génie de la mise en scène : Tout contribue à abolir les limites physiques de ce monde pour nous transporter dans les terres de l'Imaginaire. Kà est extraordinaire de prouesse physique, de maîtrise technique et de poésie. Une expérience grandiose que l'on ressent même un peu au travers de nos pauvres écrans... Pauvre aussi mon talent à vous transmettre mon enthousiasme pour cette œuvre...

Ainsi né un paradoxe : Bien qu'emprisonné dans les limites de notre monde, Kà est à mon humble avis le plus beau de nos voyages immobiles vers les contrées de nos rêves...

Pacman.

LE CIRQUE DU SOLEIL : Kà.

Partager cet article