LE GUIN, Ursula : L’autre côté du rêve.
Je n’avais jamais lu Ursula Le Guin jusque-là, et avant de me lancer à l’aveugle dans une œuvre trop longue – Les Contes de Terremer, par exemple –, je me suis dit qu’un autre roman, pas trop long et pas trop cher, me permettrait de voir à qui j’avais affaire. Autant dire que je n’ai pas été déçu.
George Orr ressemble à s’y méprendre à tout le monde, à vous, à moi. Jusque dans son sommeil : quand il dort, il fait des rêves. A ceci près que quand il se réveille, il a souvent la désagréable surprise de constater que ses songes ont modifié la réalité, la rendant bien plus souvent qu’à son tour, hélas, proprement cauchemardesque. Voici le point de départ de l’incroyable aventure qu’il va vivre.
Le pauvre George, qui finit par absorber des substances irrégulières et se soumettre à la suggestion hypnotiques afin de ne plus rêver, se voit ballotté entre les mains d’un savant fou, d’une belle jeune femme dont on se demande au final s’il ne l’a pas lui-même inventée, et d’extra-terrestres au langage plutôt incompréhensible mais visiblement bienveillants, eux aussi sortis tout droit de son imagination. Au passage, il déclenchera une guerre intergalactique avant d’échapper de peu à une explosion nucléaire et de se retrouver avec la peau grise, comme tous les humains.
Il est des œuvres qui sortent du cours traditionnel de la science-fiction pour dériver imperceptiblement vers le traité philosophique : ainsi, Ravage, 1984, Farenheit 451, ou encore Les Monades Urbaines. L’autre Côté du Rêve est à mon avis à ranger dans cette catégorie : un propos bien maîtrisé, malgré un style un brin trop impersonnel à mon goût, et surtout, elle parvient à faire tenir sa trame malgré les absurdités que son personnage s’efforce de faire intervenir. La question sous-jacente, s’il ne faut en retenir qu’une seule, est la suivante – ou plutôt, restons modeste, pourrait être la suivante : quel homme peut-il se targuer d’employer « la » bonne méthode pour faire progresser l’humanité ? Où commence, où s’arrête l’intérêt personnel des gens, nombreux, qui prétendent « essayer de faire du bien à la planète », qu’ils soient simples citoyens ou politiciens ?
Certes, cela fait deux questions ; nous
pourrons les résumer en ayant recours au
fameux proverbe, un de mes favoris, proclamant que « la route des
enfers est pavée de bonnes intentions. » A lire, donc.
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