ROMERO, George, A.: Diary of the dead
Attention, retour de la discussion sur les films de
zombies : satire sociale ou pur divertissement ?
En effet après le débat passionné qu’avait suscité la
critique de 28 semaines plus tard, (mal)traité par l’ami Steph, je vous propose
mon avis sur le dernier Romero, père fondateur du genre, sobrement intitulé
Diary of the dead.
L’agenda dont il est question dans le titre est en fait le
témoignage vidéo et au jour le jour d’une équipe de tournage d’un film
d’horreur, constituée d’étudiants et d’un professeur alcoolique (oui, c’est
important pour la suite !), qui va se retrouver témoin des premières
heures d’une des pires catastrophes que l’humanité va rencontrer : le jour où les morts se
relèveront !
Film de zombies post 11 septembre, DOTD est en un sens
certainement plus réussi que son prédécesseur dans la saga de Romero (à savoir
son mitigé Land of the dead). Le postulat de départ semblait en tout cas plus
intéressant, puisqu’il proposait un retour aux sources (les premières heures de
l’invasion), vu à travers le nouveau prisme qu’offre le tournage en Digital
Video. On s’attend donc à un film plutôt sérieux et une réflexion sur le rôle
que joue les nouveaux médias mutants que sont les vidéos amateurs, blogs et
autres Youtube. Malheureusement, Romero semble ne pas savoir choisir entre le
divertissement et le grand sermon moral. Après un début plutôt convaincant et
prometteur, le film livre rapidement ses limites : un casting
catastrophique (mais serait-ce la VF qui en est responsable ?), des scènes
difficilement crédibles (les personnages dissertent allègrement sur la raison
d’un suicide dont ils ont étés témoins à l’instant !) et des dialogues
d’une lourdeur imbattable ; je ne peux résister au plaisir de vous donner
un exemple : « Avant c’était nous contre nous. Maintenant, c’est nous
contre eux. Oui, mais eux, c’est nous. » Bien vite, on se rend compte que
le film va ainsi osciller entre le sérieux le plus pompeux et le rire au
troisième degré (le passage chez les Amiches !), ce qui est assez
déroutant. En résulte une œuvre hybride dont on ne sait plus trop si elle ne se
prend pas au sérieux ou si elle se destine à nous poser des questions qui
méritent réflexion. Romero avait par le passé parfaitement réussi son coup (le
magistral Zombies, second opus) qui alliait rigueur formelle et critique
sociale. Ici, malgré l’expérience, il nous livre un joyeux fourre-tout qui
peine à trouver une justesse de ton.
DOTD n’est donc pas totalement raté, mais il pâtit de la
présence encombrante de son format pseudo-documentaire, pourtant à l’essence
même du projet du film. Mais lorsque des choix sont faits, il faut les assumer
jusqu’au bout, et justifier jusque dans l’écriture la présence de la caméra. En
témoigne la scène où, Jason, le réalisateur, reste à côté de la caméra qu’il
recharge, pendant qu’il entend les cris de ses amis se faisant massacrer…
Difficile à avaler !
En bref, si vous cherchez un énième divertissement, DOTD apporte son lot de scènes gores marrantes, tout en délivrant un message pompeux. En revanche, si vous préférez une histoire plus vraisemblable, je vous conseille plutôt de vous tourner vers un petit bijou que je ne tarderai pas à chroniquer en ces pages : la série de comics Walking Dead.
Mr Jack