CHAUVEL, David ; LERECULEY, Jerôme : ARTHUR – UNE EPOPEE CELTIQUE.
Mythes, légendes, contes : Sorte de pyramide des normes imaginaires. Quelque part à tous les niveaux de cette possible hiérarchie, Arthur et ses chevaliers y ont une place. D'une importante littérature jusqu'à une série humoristique en passant par des oeuvres cinématographiques, tous les enfants se sont un jour approchés de la Table Ronde. Paradoxalement, dans la tradition celtique, il n'y a pas de table...
En ces temps incertains, Kymry, Lloengriens, Gaëls et Pictes se disputent l'île de Bretagne - pour éviter tout malentendus précisons que cette île est toujours aujourd'hui sise outre-Manche - . Peuple divisé, les Kymry espèrent un roi capable de réunir autour de lui de grands héros afin de bouter l'envahisseur par-delà la mer et de protéger son peuple contre ses belliqueux voisins insulaires. Seul un homme encore plus exceptionnel pouvait être le Pygmalion d'un tel chef de guerre. Du tout premier récit, on apprend les exploits, les questionnements et les errements de celui qui reste l'archétype du sage aux pouvoirs extraordinaires qui guide les héros et qui inspirât Gandalf ou Allanon : Myrddin – Merlin - .Le deuxième récit couronne ce roi par ses prouesses martiales et ses exploits légendaires. Il démontre surtout la puissance d'attraction de cet homme pour les personnages qui feront les protagonistes des aventures suivantes. Tour à tour Lancelot - ici Gwalchmei -, Gwenhwyfar- Guenièvre – en princesse Picte prête à prendre les armes, Drystan et Esyllt ou Peredur- Perceval – joueront les rôles principaux des tomes successifs avec toujours en arrière-plan le célèbre monarque. Et comme péripéties, ces contes qui évoquent pour chacun d'entre-nous quelque chose de familier, jusqu'à ce que Medrawt - Mordred – conduise Arthur vers son ultime repos sur l'île d'Avalon.
Le mythe arthurien revisité. La palette est ici les légendes de tradition galloise agrémentées des nuances des récits médiévaux. Mythe, légende, conte. A l'intérieur même de cette épopée semble s'établir cette hiérarchie. Sur la trame du mythe, en relief de l'apprêt de ces héros tous autant légendaires que le porteur de Kaletvwelch – Excalibur – se trace les contes que nous offrent ses auteurs. On peut même ajouter le vernis d'un quatrième niveau de récit car il est un passage obligé de chaque tome que de voir un sage ou un barde – parfois Taliesin , encore une légende – gratifier les personnages de l'histoire d'un illustre héros Breton des temps jadis.
Oeuvre graphique qui forge son identité dans le style si particulier de jerôme Lereculey, on pourrait lui reprocher une certaine monotonie dans le dessin de ses héros (éternels guerriers en toge portant fièrement barbe et cheveux longs) et regretter que certaines péripéties usent moins d'encre que du sang qu'elles évoquent. Mais l'unicité des personnages transpire la force d'un peuple, d'une communauté d'hommes liés par une même culture dans laquelle puise la mythologie arthurienne. Quand au sang, aux batailles et aux cruelles péripéties que vivent les héros, ils tiennent éloignés les évocations de preux chevaliers aux nobles vertus dépeintes par les auteurs médiévaux tels Chrétien de Troyes ou Thomas Mallory.
Dire que cette œuvre est une contribution de plus à la cause d'Arthur et de ses compagnons n'est pas rendre justice à la qualité du travail des auteurs. Cette épopée celtique marque une nouvelle perspective dans cette évocation d'une grande originalité.
Mythe, légende, conte même en modifiant le paradigme, on ne fais qu'utiliser cette fabuleuse énergie toujours renouvelée: L'imaginaire.
Pacman.