Arriety, le petit monde des chapardeurs.
Ouvrez bien les yeux car sans qu’on le sache, il existe un peuple de tout petits êtres qui vivent aux côtés des humains mais se cachent d’eux. La nuit venue, ils viennent dans nos maisons et chapardent ce dont ils ont besoin : un morceau de sucre par ci, une épingle ou un mouchoir en papier par là. La petite Arrietty et ses parents vivent ainsi dans les fondations d’une maison habitée par une grand-mère, son petit fils malade du cœur et une domestique. Lors de sa première expédition de chapardage, Arrietty va commettre l’irréparable, se faire apercevoir par le petit garçon, et mettre ainsi en danger toute sa famille.
Ici, les trentenaires devraient s’exclamer : « oh, mais c’est les Minipouss !». Alors, oui mais non, hein. Ils sont petits d’accord mais ils ne sautent pas partout. C’est les Minipouss en moins facétieux et en plus bucolique. Il s’agit surtout de l’adaptation des romans de Mary Norton, The Borrowers , pour ceux qui auraient vu Le petit monde des Borrowers. Et pour être tout à fait complet, Arrietty est le dernier né des studios Ghibli qui ont produit entre autres Le tombeau des lucioles, Pompoko, Princesse Mononoke ou Le château ambulant.
Arrietty a d’innombrables qualités. A commencer par la musique qui est superbe, enivrante et apaisante. Quant au dessin, il est tout en délicatesse et poésie. Vous êtes transporté dans un petit monde magique où des clous deviennent des marches d’escaliers et où une boucle d’oreille sert de piolet. On s’amuse ainsi à chercher dans les décors comment nos objets du quotidien ont pu être détournés et adaptés à la petite taille des chapardeurs. Et on en a le temps. Les habitués des nerveux et rythmés Walt Disney viendront ici se reposer.
Là où le bât blesse en revanche, c’est côté scénario, un peu faible. On sait par exemple que le petit garçon a un problème au cœur mais cette maladie n’a aucun impact dans le film, si ce n’est de le voir essoufflé après avoir couru 2 mètres. De la même façon, on ne comprend pas vraiment le but poursuivi par la « méchante » du film. Enfin et surtout, allant voir un animé japonais, je m’imaginais sortir du ciné un peu grandie, enrichie d’un message philosophique subtil et intelligemment distillé. Déception. Il manque un je ne sais quoi, un supplément d’âme lui fait cruellement défaut, rendant le film bancal et sans propos. Le pire pour moi est qu’au beau milieu de l’histoire, alors que rien ne nous y amène avant, vient une tirade moralisatrice écolo à tendance zéro réflexion et on se demande bien ce que ça vient faire là. Comme si les créateurs en cours de scénario s’étaient rappelés qu’ils devaient ab-so-lu-ment s’intégrer dans la mouvance verte des œuvres précédentes. Au final ça donne en substance : «vous les chapardeurs êtes en voie d’extinction, nous on est 6 milliards d’humains, et il y a des espèces qui se sont déjà éteintes parce qu’elles n’ont pas su s’adapter aux changements climatiques, je l’ai lu dans un livre, et c’est ce qui va vous arriver.» Et…? Et bé c’est tout. On pouvait largement s’en passer.
Je suis voir le film sur une impulsion, sans avoir vu la bande annonce, sans savoir de quoi il retournait ni vu les précédents animés des studios Ghibli. Cela pour dire que je n’avais aucune idée préconçue ni de fortes attentes. C’est un très beau moment d’animation mais je suis en revanche beaucoup moins sûre que les admirateurs de Miyazaki ou Takahata y trouvent leur compte…Ou alors les éloges que j’ai pu en entendre sont très surfaits.
Sof.