ELJUNDIR MYRA : Kaleb.

10 avril 2013

ELJUNDIR MYRA : Kaleb.

Avec une couverture comme celle-ci (une scarification ? un tatouage ?), un bandeau qui fait office de sous-titre (« C’est si bon d’être mauvais ») et un nom d’auteur imprononçable, Kaleb ne laisse pas indifférent. Et pour le moment, vous n’avez encore rien lu… Si le mal l’emporte sur le bien, si être mauvais vous sauve, Kaleb est-il un nouveau genre de héros ? Et nous, lecteurs, arrivons-nous à faire la part des choses, et à choisir notre camp sans se laisser séduire par la beauté adolescente ?

Kaleb, 19 ans, vit seul avec son père à Paris. Après une enfance américaine, à changer de villes régulièrement, ils se sont posés en France il y a peu. Kaleb a perdu sa mère, d’origine islandaise, en couche, et reste sans réponse sur la plupart des sujets la concernant. Mais depuis quelques temps, le jeune homme se sent différent. Particulièrement sensible, il couche avec beaucoup de femmes grâce à une beauté à couper le souffle, et se bat comme personne. La violence et la sensualité rythment la première partie du roman. Lecteur, on essaie donc de déceler ce mal dont on nous a parlé en couverture… Mais Kaleb semble plutôt se battre contre lui-même, et on ressent la douleur de l’adolescent torturé qui se cherche, qui veut comprendre d’où il vient et ce qu’il est réellement. Page après page, cependant, Kaleb laisse entrer la violence en lui, dans chaque acte et dans chaque geste. Il est en fait empathe, c'est-à-dire qu’il peut, à votre contact, ressentir la moindre de vos émotions. Si ce don s’arrêtait là, tout pourrait aller plutôt bien (sauf peut-être pour Kaleb, qui sortirait épuisé du métro à l’heure de pointe, avec tous ces sentiments mêlés) mais le jeune homme découvre vite qu’il peut ainsi découvrir les plus intimes secrets des autres, et s’en servir pour les manipuler. Il peut puiser votre énergie positive, et vous laisser comme mort dans une dépression des plus totales…

Il n’est pas seul, à posséder ce don, et se met à chercher sur les forums internet des réponses à ses questions. Il en trouvera, mais devra choisir à qui faire confiance, et de qui se méfier… SENTINEL, groupuscule mené par un terrible colonel, chasse ces empathes comme des animaux, et est particulièrement intéressée par Kaleb. Les soldats sont là, ils guettent les débordements du jeune homme et parviennent à s’immiscer partout.

Son don est puissant, peut-être plus puissant que celui de n’importe quel empathe sur Terre. Vite grisé par ce pouvoir qui lui donne l’ascendant sur tous, le jeune homme ne discerne plus, au fil des pages, le Bien du Mal. Continuer à lire Kaleb, c’est rentrer dans sa tête, dans son corps, vibrer avec lui et haïr avec lui. Bien plus qu’un adolescent perdu, il devient, au fil des chapitres, un homme fort et violent, doté d’un don qu’il a parfois du mal à maîtriser, mais avec lequel il peut vous détruire.

Kaleb est un roman très étonnant, dans lequel la frontière entre le Bien et le Mal s’efface peu à peu. Certains y verraient des liens avec Dexter, anti-héros par excellence, qu’on ne peut ni aimer ni détester, moi j’y ai vu un épisode de Fringe, excellente série où les accidents surnaturels sont rarement du fait de leur auteur – et Kaleb est plus victime de ce don que véritable méchant, surtout au début. Un brin de thriller, une once de fantastique, beaucoup d’aventures… C’est difficile de faire entrer Kaleb dans un genre… Mais ce qui est certain, c’est qu’il ne vous laissera pas indifférent, et que le deuxième tome sera aussi rapidement lu que ce premier volet. Il vient de paraître, vous avez de la chance. Enfin, pour le moment, tant que le beau Kaleb ne croise pas votre route et votre joie de vivre…

Anouchka