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1 novembre 2011

LEBOULANGER, Camille : Enfin la nuit.

enfin la nuitIl y a peu, je vous disais que les éditeurs qui prenaient le risque de publier des nouveaux auteurs français se faisaient rares. Je vous disais aussi que l'Atalante faisait partie de cette frange courageuse. Pour illustrer mon propos et mettre en avant cet éditeur dont on ne parle malheureusement pas assez sur ce blog, j'avais envie de vous présenter ce premier roman d'un jeune auteur plein d'avenir, à mon sens.

Le monde tel que nous le connaissions, scandé par des heures de veilles et des heures de repos, n'est plus. La nuit, source d'oubli, promesse d'une aube nouvelle portant l'espoir que demain sera mieux qu'aujourd'hui, n'est plus. Dès lors la société s'effondre, perdue. Thomas, flic du monde d'avant, se réveille seul. Sa femme est partie... Elle mourra dans quelques heures mais il n'en aura jamais connaissance. Peut-être est-il temps pour lui aussi de prendre la route... Pour où ? Pourquoi ? Il ne le sait pas. Fuir ? Chercher mieux ? Qui sait ? Quoiqu'il en soit, il doit partir. C'est le début d'une odyssée qui le mènera au travers d'une France dévastée, à la découverte d'une humanité défigurée. Mais est-ce l'apocalypse qui a provoqué cela ?

Ah l'apocalypse ! Peut-on encore trouver un biais original pour décrire ce qui se passe ensuite, après tout ce qui a été fait, après La Route ? A lire l'auteur, il me semble que oui. Ici, on ne saura jamais ce qu'il s'est passé. Il n'y a plus de nuit, point. Mais on n'en apprendra pas beaucoup plus sur les survivants. Le roman n'est donc pas une œuvre à thèse : ni du point de vue du contexte (peur du nucléaire...), ni du point de vue de l'analyse sociale (l'humanité en temps de crise...). Dès lors, il ne reste plus qu'à suivre l'odyssée tant psychologique que physique, du (des) héros. A la McCarthy, donc ? Oui. Pourtant le résultat est vraiment différent. On suit dans Enfin la nuit un homme qui perd peu à peu tout repère mais garde son humanité grâce aux quelques bonnes gens qu'il rencontre. Bien sûr, les choses n'iront pas forcément en s'arrangeant et seront l'occasion pour notre héros de remettre en question toute sa vie... Comment vous l'expliquer clairement sans vous dévoiler toute l'histoire ? Il me semble qu'on peut se demander, en refermant le bouquin, quand la fin du monde a-t-elle eu vraiment lieu ? Ainsi, à mon sens, et sans le dire, c'est toute une humanité qui est remise en question ; humanité actuelle dont seul le carcan de l'habitude l'empêche de sombrer.

Plus encore, si l'on analyse le style, on peut se demander si ce ton sarcastique n'est pas la voix secrète d'une société qui se sert de l'ironie pour tenir... En effet, l'auteur émaille son texte de digressions ironiques, de notes d'humour noir qui rendent certes l'ambiance plus légère mais provoquent parfois le malaise.

Si on lit ici et là quelques critiques, on se dit que ce premier roman est mal fichu et maladroit. Ce n'est pas du tout mon avis. Si je veux bien concéder qu'il subsiste quelques maladresses de jeunesse, il me semble qu'il est plutôt bien écrit, bien pensé et assez fin Il a aussi l'indicible avantage de ne pas durer plus longtemps que ce que le contenu en demande. A ceux qui critiquent aussi la crédibilité de la fin du monde, je réponds que ce n'est pas l'objet, ce n'est qu'un prétexte à l'histoire. De la même manière, lorsque qu'on remet en question le schéma narratif, je réponds à nouveau qu'on tire à côté. Seul le style peut déranger, paraître redondant ou désinvolte, on aime ou on aime pas. Les fans d'action, de Mad Max, peuvent également passer leur chemin !

Un roman bien étrange donc, qui fascine et interroge, qui nous déroute. C'est aussi la découverte d'un auteur à la voix toute particulière. De mon point de vue, Enfin la nuit a été une très bonne surprise. Ni trop long, ni trop court, il m'a forcé à me préoccuper du sens que l'auteur voulait y donner (ou bien à l'exégèse que je voulais en faire). Il plaira à ceux qui aiment la découverte et les romans plutôt introspectifs. Camille LEBOULANGER est un auteur que je ne manquerai pas de suivre et qui, j'en suis sûr, améliorera encore son talent pour devenir une voix écoutée de l'imaginaire !

StepH


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