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E-maginaire
30 avril 2013

MATHESON, Richard : D'autres royaumes.

d'autres royaumesIl est des auteurs qui n'écrivent jamais assez, dont on aimerait lire les formidables œuvres beaucoup plus souvent. Matheson, (dois-je le présenter ?), en est le vivant exemple. Depuis près d'une dizaine d'années, on attendait qu'il reprenne la parole, nous interpellant avec son style personnel et par l'angle des sujets qu'il traite. Alors que je doutais de découvrir de nouveaux matériaux à me mettre sous la dent (pour être franc, je commençais à penser avoir loupé l'annonce de son décès, le Monsieur ayant dépassé les 80 ans !), voilà que J'ai lu Nouveaux Millénaires me surprend encore en éditant le roman qui va nous occuper ici. Matheson qui parle du Petit Peuple... j'ai failli convulser de bonheur... Mais cet état a-t-il survécu à la lecture ?

Alex White est un homme au crépuscule de sa vie. Auteur à succès de romans de série Z, il se décide, avant de mourir, à nous livrer son plus grand secret, l'expérience invraisemblable, fantastique et épouvantable qu'il a vécu dans sa jeunesse. Nous voilà donc projeté au sortir de la première guerre mondiale. Le jeune Alex a été démobilisé pour blessure. Son ami est mort. Pour plusieurs raisons, il va venir s'installer à Gatford, petite ville perdue de Grande Bretagne, d'où était issu l'étrange camarade de guerre. Quel magnifique village ! Mais les gens sont étranges, superstitieux. Ils parlent de vieilles légendes, des bois interdits... Alex n'écoutera rien et les rencontres qu'il fera risquent bien de lui coûter la vie...

Somme toute, une histoire bien classique, me direz-vous, et vous aurez raison ! Si l'intrigue se suit sans temps mort, on ne peut pas dire que le fonds soit très surprenant. Il s'agit plus ou moins d'une relecture des légendes celtiques traditionnelles. On pense à Thomas le Rimeur ou encore à toutes ces histoires de fées victoriennes. Sans intérêt donc ? Non, bien au contraire ! Car partant pratiquement d'un poncif, l'auteur, par le style qu'il imprime au texte, parvient à nous surprendre. Écrit à la première personne, le narrateur joue avec nous. Il s'installe, nous raconte son histoire mais ne disparaît jamais. Il reste maître de son jeu, louvoyant, digressant, nous imposant sa présence. Crois-t-on pouvoir découvrir une ambiance fantastique, éthérée, féerique au premier sens du terme, qu'il nous coupe et parle de son expérience d'écrivain de seconde zone. Sentons-nous arriver une scène effroyable qu'il nous analyse les ressorts stylistiques de l'horreur. Un narrateur bien agaçant en vérité ! Mais qui nous mène, à mon sens, sur la piste d'une autre thématique que celle qu'on aurait pensé lire : qu'est-ce que raconter une histoire, qu'est-ce que le métier de conteur ? En effet, ce narrateur lourdeau déconstruit le texte pour rendre apparent quelques techniques littéraires et, tout en masquant l'essentiel, lève légèrement le voile, nous prévenant qu'il n'y a pas d'histoire sans conteur... Toute proportions gardées, il me semble que Lynch avait fait la même chose avec Mulholland Drive.

Quoiqu'il en soit, ce roman devient tout d'un coup assez dérangeant, curieux. D'un livre plutôt classique, on passe à un petit O.V.N.I. Littéraire. Je vous rassure tout de même, bien que curieux dans sa construction, ce texte ne se passe tout de même pas de véritables morceaux de bravoure et de scènes d'horreur réellement grandioses. L'intrigue reste aussi très correcte et pleine de rebondissements. Mais les fans de Léa Silhol, de légendes féeriques romantiques, baroques ou naturalistes risque d'être un poil déçus. Matheson joue sans concession, que ça plaise ou non.

Si je résume, D'autres royaumes nous propose de redécouvrir les légendes du Petit Peuple, façon Matheson. Voulez-vous une histoire parlant d'Amour, de Mort, de sorcières et de Fée, vous l'aurez. Mais l'auteur ne fait rien comme les autres. Il vous tiraillera, vous surprendra, se permettra le Zig pendant le Zag, car c'est lui le chef, et pas vous. Vous aurez un beau conte mais le conteur ne veut pas s'effacer. Il vous montrera quelques unes de ses ficelles, juste pour vous dire : je suis là et sans moi, pas de rêve. Certains trouveront cela frustrant, moi j'ai vraiment apprécié.

Au final, je volerai la phrase d'une personne très compétente sur ce sujet, qui disait : « c'est un petit livre d'un grand auteur ». Comprenez : s'il ne figure pas parmi les plus grands textes de l’œuvre de Matheson, il n'en reste pas moins que l'auteur nous montre encore une fois l'étendue de son talent et bien qu'anecdotique dans l'économie de ses romans, il n'en reste pas moins bien au-dessus de pas mal de ce qui est publié en ce moment.

StepH

CITRIQ

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Commentaires
Z
Hé, vous avez vu il y a un bug : sur la page wikipédia consacrée à Richard Matheson, il est écrit que "la tonalité de ses textes rejoint un peu celle de Pehen Fink" (citation librement adaptée, j'ai pas le texte sous ses yeux)... <br /> <br /> Alors moi, voilà, je cherche : QUI est ce Pephen Fink ? <br /> <br /> Eh ben, vous me croirez pas : le type n'existe pas ! <br /> <br /> C'est fou, ça. <br /> <br /> Alors moi j'ai une idée : quand même Pephen Fink ça ressemble pas énormément à, disons, Graham Masterton ou Ray Bradbury... Mais dans ce cas, pourquoi qu'ils ont écrit Pephen Fink, nom de merde ??? Blague ? Pari absurde ? Défi face à l'institution Wikipédia ? Refus de citer une fois de plus un auteur beaucoup trop lu ? Complot international d'une organisation secrète ? <br /> <br /> J'en appelle aux génies (voire, tiens : au Génie) qui peuple(nt) le web pour nous apporter une réponse à cette question franchement MYSTERIEUSE. <br /> <br /> Zolg.
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